Intervention de François Gemmene

Réunion du mercredi 9 juin 2021 à 17h40
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

François Gemmene, chercheur à l'université de Liège :

Je souscris totalement à l'intervention de Madame Jourdan. Je suis très frappé de constater que la France est un pays beaucoup plus accueillant et moins xénophobe que l'image qui en est donnée depuis les plateaux parisiens. Il n'y a pas forcément beaucoup d'a priori. J'ai souvent été sollicité par des maires qui installaient un CADA dans leur commune et se retrouvaient confrontés à une population hostile. Les maires me demandaient de donner une conférence. Je m'y suis rendu et nous faisions face à des questions hostiles, et j'entendais des questions basiques. Certains me demandaient : « Ces gens seront en liberté. Que se passera-t-il si j'en rencontre un ? » Nous leur expliquions que tout se passerait bien.

Toujours, lorsque nous revenions un ou deux ans après l'installation du CADA, les habitants étaient souvent enchantés et gênés de leur anxiété. Ce qui apparaît comme du racisme inclut beaucoup de peur et d'anxiété. Ce n'est pas inéluctable. Lorsque les gens se rendent compte que les personnes qu'ils accueillent sont à leur image, qu'ils ont les mêmes soucis vis-à-vis de leurs enfants, ils se rendent compte qu'ils font partie d'une même humanité et qu'ils ne sont pas si différents l'un de l'autre, ce qui me paraît essentiel.

Il me paraît essentiel de souligner ces exemples de réussite de l'accueil, qui peuvent créer une émulation, en montrant à quel point des communes ont été enrichies par l'arrivée de migrants : des classes d'école sont restées ouvertes, des équipes de football ont été reconstituées, etc. Les exemples sont nombreux.

Le Canada est le seul pays à mener une politique de visa, et notamment de visa humanitaire. En Europe, les visas sont laissés à l'arbitraire des ambassades et des consulats. Nous aurions intérêt à déployer les visas comme un instrument de politique migratoire.

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