Intervention de Jean-Marie Burguburu

Réunion du mercredi 23 juin 2021 à 15h00
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Jean-Marie Burguburu, président de la CNCDH :

La question dépasse le domaine grave qui nous préoccupe. Il existe en France un fossé profond entre la bonne volonté des autorités politiques et du pouvoir législatif et la vie sur le terrain.

Être obligée de faire appel à la force publique pour faire déguerpir – c'est un terme juridique – des personnes d'un local où elles ne devraient pas être, cela signifie trois choses.

Premièrement, il n'y a pas d'autre local pour recevoir ces personnes, et c'est la raison pour laquelle elles sont venues dans la permanence de la députée, croyant qu'elles se rendaient dans un lieu protecteur, celui de la représentation nationale.

Deuxièmement, il n'y a pas de volonté politique pour créer les lieux en question, par crainte, comme on le lit parfois, de créer des appels d'air qui feraient venir encore plus de migrants.

Troisièmement, il n'y a pas de réflexion globale sur le phénomène migratoire au XXIe siècle. Les migrations de ce début de siècle ne sont pas semblables à celles qui se sont produites lors des siècles précédents. Nous trouvions très bien que des Européens émigrent dans ce qui deviendrait les États-Unis, malgré les nombreux problèmes que cela a entraîné. Nous sommes dans une situation très différente avec l'immigration issue du continent africain, ou de continents plus lointains, notamment les ressortissants de pays du Commonwealth qui ne veulent que traverser la France sans s'y installer.

Répondre à cette question, c'est demander du réalisme. Je ne vois pas toujours ce réalisme dans les positions de l'Assemblée nationale, pour laquelle je répète mon plus grand respect. La loi promulguée le 10 septembre 2018, il y a trois mois et trois ans, s'intitule « pour une immigration maîtrisée, un droit d'asile effectif et une intégration réussie ». Il eût mieux valu qu'elle s'intitulât : « pour essayer de maîtriser l'immigration, rendre effectif le droit d'asile et réussir l'intégration », plutôt que de supposer que ces objectifs seraient atteints.

Nous votons des lois en prétendant que les choses vont aller toutes seules et s'améliorer. Ce n'est pas vrai, et vous le savez ! Le peuple le sait aussi. Les migrants qui ne connaissent pas nos lois le croient, pourtant. Quel échec !

Il faut prendre à bras-le-corps le phénomène de l'immigration. Cela coûtera à un état d'esprit et une situation tranquille de nos concitoyens. Mais cela rendra la France fière d'elle-même, et fidèle à ses principes.

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