Merci pour votre invitation à nous exprimer sur ces sujets importants.
Jean-François Delfraissy a rappelé la possibilité pour le CCNE de s'autosaisir d'une question. C'est ce que nous avons fait en 2017 s'agissant de la santé des migrants présents sur notre sol et des questions éthiques que cela implique, dans le cadre d'un groupe de travail animé par Jean-Marie Delarue. Nous nous sommes rendus à Calais pour examiner les conditions d'accueil et d'accompagnement.
Dans son avis n° 127, qui est publié sur notre site et conserve une actualité même si quatre années ont passé, le CCNE n'a pas voulu prendre parti sur la dimension politique de cette question complexe, mais il était important de rappeler, comme l'a fait Claire Hédon, qu'il existe des principes incontournables, notamment le respect de la dignité de la personne humaine, qui est prévu par les textes et qui est une des composantes de l'ordre public. Accueillir les migrants, c'est aussi respecter l'ordre public.
Nous avons fait des recommandations concernant en particulier l'accès aux soins, la prise en compte des personnes immigrées dans notre système de santé et la nécessité de pouvoir communiquer avec ces personnes qui, souvent, ne comprennent pas le français – il faut qu'un dialogue puisse s'établir entre le médecin et le patient. Nous avons également mis l'accent sur la solidarité et la fraternité, qui est reconnue comme un principe à valeur constitutionnelle depuis 2018.
J'en viens à la maraude à laquelle j'ai participé le 3 juin en compagnie de Claire Hédon et de Jean-François Delfraissy. Le principe d'hospitalité a été mis en pratique par des migrants que nous avons rencontrés, malgré leurs conditions d'hébergement déplorables. Le respect de la dignité humaine impose de trouver des solutions alternatives respectant un cadre minimal de bien-être, comme nous l'avons souligné dans l'avis n° 127.