Intervention de Sonia Krimi

Réunion du mercredi 23 juin 2021 à 16h25
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSonia Krimi, rapporteure :

Nous sommes ravis de vous accueillir au sein de cette commission d'enquête. Nous considérons que l'accès au droit est un des points les plus importants : en la matière, nous faisons face à d'immenses difficultés et à une véritable complexité. Nous devons formuler des recommandations praticables, acceptables, mesurables et simples à appliquer.

Nous sommes tous des défenseurs des droits, ou nous devrions l'être. Quand on héberge une personne en difficulté, quand on lui assure un logement et un avenir – je connais ici des personnes qui l'ont fait – ou quand on l'oriente sur le plan administratif, on est un défenseur des droits. Je salue toutes les femmes et tous les hommes qui défendent, dans notre territoire, une certaine idée de ce que nous sommes, de ce que nous devrions être et de ce que nous ne devrions absolument pas oublier.

Vous avez répondu à une grande partie des questions que nous vous avions adressées. Je note en particulier que vous ne pouvez pas mesurer le sous-dimensionnement du dispositif d'hébergement. Nous continuerons à chercher des éléments ailleurs.

J'aimerais revenir sur la lutte contre les points de fixation, qui crée des problèmes, par exemple à Grande-Synthe. On a vu ce qui s'est passé il y a deux ans et comment la situation s'aggrave actuellement. Que peut-on faire ? Il y a un début de réponse à différents niveaux, grâce à des personnes qui peuvent accueillir des gens, à l'aide apportée par l'État, à l'orientation qui est assurée et aux expérimentations menées dans certains départements. Nous souhaitons présenter aux administrations, dans notre rapport, des solutions un peu smart.

Vous avez abordé la question des femmes migrantes. En temps de guerre et pendant les périodes de difficultés, les femmes paient toujours un prix très élevé. Nous constatons qu'il y a actuellement de la prostitution et parfois des situations dans lesquelles le suivi médical est inexistant. Ce n'est pas parce qu'il s'agit d'une minorité des personnes que l'on voit à Calais que ce problème n'est pas à prendre en compte.

Nous avons reçu M. François Gemenne, qui nous a dit qu'il faudrait arrêter de montrer des migrants qui ont réussi, comme Kylian Mbappé. Si on veut que les gens comprennent ce que sont les difficultés des migrants, on doit parler de leur vie, des barbelés, du fait qu'ils sont violés et vendus en Libye, du marché qui s'est créé. Plus on lutte contre cette immigration, plus on crée de tels marchés. Des personnes sont prêtes à payer jusqu'à 20 000 euros simplement pour traverser la Manche en speedboat depuis Calais. Il faut présenter des faits réels, mais aussi montrer les motivations des personnes qui arrivent chez nous et ce qu'elles ont vécu. Nous verrons si ce souhait est partagé par tous les membres de la commission.

J'en viens, pour terminer, à la question de l'argent dépensé dans la répression. Je considère que nos policiers sont des femmes et des hommes honnêtes, faisant face à des situations qui ne sont pas simples. Ce ne sont pas des machines, et je veux témoigner de mon respect pour eux, même s'il existe à certains moments des débordements qu'il faut noter. On doit mettre en regard l'argent dépensé dans la politique de répression et celui qui va à l'accompagnement, à la formation ou à l'hébergement. Je pense que la balance penche du côté de la répression, mais j'attends d'avoir des chiffres.

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