Intervention de Jean-François Delfraissy

Réunion du mercredi 23 juin 2021 à 16h25
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Jean-François Delfraissy, président du CCNE :

Quelques éléments pour compléter ce qui a été dit. D'abord, il s'agit d'un problème ancien, qui est irréductible aux enjeux propres à tel ou tel parti politique et qui va continuer de se poser. C'est un constat d'échec. Les conditions diagnostiques s'améliorent, mais nous savons que nous n'en sommes qu'au début d'un processus long. Dans ce contexte, il convient, comme certains d'entre vous l'ont suggéré, d'observer ce qui se passe dans d'autres pays, en particulier en Allemagne et en Angleterre.

S'agissant ensuite de la santé, la population dont nous parlons est globalement jeune et, abstraction faite du covid, dans un état de santé que l'on peut qualifier d'intermédiaire. Elle est très touchée par des maladies sexuellement transmissibles et par des maladies métaboliques, en particulier le diabète, en raison de ses mauvaises conditions d'alimentation. S'y ajoutent les conséquences psychiques de sa situation, soulignées par l'une d'entre vous ; elles sont fondamentales et vont se faire sentir à long terme.

Face à cet état de fait, notre système d'urgence joue pleinement son rôle et est complété par les PASS. Notre pays apporte ainsi des éléments de solution au problème. Mais, dans le même temps, le phénomène de mise à l'écart des migrants les éloigne considérablement des points d'accès aux soins : ils peuvent mettre deux heures à aller consulter, dans des conditions difficiles. À l'origine, avant la crise sanitaire, le projet d'hôpital Grand Paris Nord, situé dans une zone particulièrement problématique et qui concentre une quantité de population migratoire non négligeable, n'incluait aucune entité de prise en charge et de réflexion dédiée. C'est seulement dans un second temps qu'une telle entité a été envisagée par des médecins et des membres du personnel administratif.

S'agissant des femmes, comme l'a dit Claire Hédon, nous avons été très frappés, lors de notre visite, par les conditions dans lesquelles des familles avec de jeunes enfants étaient arrivées là. Comment suivre ces personnes, pour qui, en l'occurrence, la langue n'est pas un problème puisqu'elles parlent français ? Les associations assurent un suivi médical de première nécessité, mais l'éloignement croissant vis-à-vis du système de soins reste un problème.

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