Je vous remercie du fond du cœur d'exister. Vous jouez votre rôle et nous jouons le nôtre ; chacun se bat pour ses idées à sa manière. Le directeur général des étrangers en France, lorsque nous l'avons auditionné, nous a dit qu'il ne comprenait pas pourquoi les associations attaquaient l'État, ce qui nous a beaucoup surpris. Plusieurs d'entre nous sont intervenus pour lui expliquer qu'elles jouent tout simplement leur rôle. Heureusement qu'elles sont là ! Dans un pays démocratique, il y a des pouvoirs et des contre-pouvoirs ; chacun a sa place et son rôle à jouer.
Notre position n'est pas simple : nous vivons dans nos circonscriptions des situations face auxquelles nous nous sentons démunis, puis nous nous retrouvons ici pour voter la loi. Quand j'entends des collègues appeler à respecter les droits de l'homme alors qu'ils sont élus depuis quinze ans, je leur demande pourquoi ils n'ont rien fait avant. Pourquoi n'ont-ils pas interdit plus tôt la présence des enfants dans les centres de rétention ?
Il n'est pas facile de savoir quoi faire face à des situations aussi complexes. C'est pourquoi nous essayons de remonter à la racine du problème, d'identifier les causes profondes. Vous avez identifié l'une d'elles au début de cette audition : c'est le manque de pluridisciplinarité dans le traitement de l'immigration en France. En tant qu'étrangère, j'ai vu le système de l'intérieur. J'ai eu la chance d'étudier, de faire mon doctorat, d'enseigner à l'université, mais je sais ce que c'est que de faire la queue. Comme je parle couramment le français, je n'ai pas eu besoin d'être accompagnée par une association. Je suggère souvent à mes collègues de la commission des affaires étrangères d'aller passer vingt-quatre heures en Chine, sans papier, sans abri, sans nourriture, sans comprendre comment prendre le bus et de voir ce qu'il en est de leur degré de tolérance et de violence.
En tant que législateur, nous devons intégrer tout cela. Chez nos policiers, il y a de l'humanité, dans nos services, il y a de l'humanité : il y a de l'humanité partout et c'est à nous de tenir compte de chacun. C'est à nous de prendre ce « schmilblick » à bras-le-corps en mettant tout le monde autour de la table. Vous l'avez très bien dit, monsieur Giovannoni : c'est en mettant tout le monde autour de la table que nous pourrons mettre fin à cette politique répressive, qui ne profite qu'aux extrêmes et au marché – puisque l'immigration est devenue un marché. Je vous remercie à nouveau et vous invite à nous faire parvenir tous les documents qui vous paraîtraient utiles.