Intervention de Hervé Magro

Réunion du jeudi 1er juillet 2021 à 10h00
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Hervé Magro, ambassadeur de France en Turquie :

Je ne rentrerai pas dans le jugement sur la nature du régime turc. Je pense qu'il faut distinguer certaines pratiques et provocations auxquelles nous avons dû faire face ces dernières années et le poids réel pesant aujourd'hui sur la Turquie. Il faut bien prendre en compte les raisons pour lesquelles l'Union européenne et la France se sont engagées sur la facilité européenne en faveur des réfugiés en Turquie. Il faut comprendre que la Turquie porte un poids énorme en matière de migrations. Il s'agit d'un problème majeur que nous devrons traiter avec la personne au pouvoir dans le pays, quelle que soit la manière dont celle-ci se comporte. Je ne suis pas sûr qu'un autre pays puisse facilement supporter ce poids.

La frontière syrienne est aujourd'hui quasiment fermée. Les flux ont été en partie bloqués, mais il est difficile d'empêcher le passage, malgré tous les murs et les barrières que le gouvernement souhaite dresser.

La même chose se fait à la frontière iranienne : un mur se construit de la frontière nord-est jusqu'à la province de Van. Cette région montagneuse de Van connaît une forte poussée migratoire. Un projet de soutien à la mise en place de systèmes de caméras et de détection tout le long de la frontière est en cours avec l'Union européenne. Les autorités turques sont déterminées à faire avancer ce projet de mur. L'on peut bien évidemment discuter de l'efficacité de ces murs, car tous les pays sont en train de s'enfermer entre des murs. Le sujet du renforcement de la frontière interviendra certainement dans les discussions sur la mise en œuvre du nouveau paquet d'aide à la Turquie jusqu'en 2024, car celle-ci pose à l'heure actuelle le plus de problèmes.

À la frontière gréco-turque, les choses se sont considérablement améliorées lorsque l'on étudie les chiffres. Il demeure néanmoins toujours un désaccord sur la mise en œuvre de l'accord entre la Turquie et l'Union européenne, notamment s'agissant des réadmissions. Les Turcs considèrent qu'ils ne doivent s'occuper que des migrants arrivés sur les îles grecques et non ceux admis en Grèce continentale. Le Conseil européen, dans ses dernières conclusions, a pris note des travaux préparatoires en vue de la tenue des dialogues à haut niveau. Nous espérons mettre en place dialogue à haut niveau sur les migrations assez rapidement à la rentrée pour évoquer ces différentes questions, qui font pour l'instant partie des sujets de désaccord.

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