Intervention de Hervé Magro

Réunion du jeudi 1er juillet 2021 à 10h00
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Hervé Magro, ambassadeur de France en Turquie :

Des discussions sont en cours à Bruxelles sur un paquet de projets d'assistance à la Turquie. Par ailleurs, des discussions plus politiques auront lieu dans le cadre du dialogue à haut niveau destiné à évoquer l'accord de 2016 entre l'Union européenne et la Turquie. Cet accord porte sur un certain nombre de points – comme les visas et les réadmissions, par exemple – et pas seulement sur la facilité. Des discussions budgétaires traiteront donc de la poursuite de l'assistance aux projets d'une part ; des discussions politiques porteront sur la mise en œuvre de toutes les composantes de l'accord d'autre part. Les Turcs souhaitent par exemple évoquer la question de la libéralisation des visas. Ces discussions auront lieu à plus haut niveau entre les autorités turques et les instances de l'Union européenne.

S'agissant de la gestion des réfugiés, nous avons sans doute d'importantes leçons à tirer de l'expérience turque. Les plus hautes autorités turques ont fait preuve dès le départ d'une forte volonté d'intégrer ces migrants de la meilleure des façons possibles. Ils ont mis à disposition de gros moyens pour éviter le simple accueil dans les camps. Cette stratégie turque était assumée et s'est développée sans doute aussi avec l'idée, au départ, que la crise syrienne serait résolue à une échéance plus ou moins rapide et que ces réfugiés rentreraient chez eux. Quand les autorités turques se sont aperçues que cela ne serait certainement pas le cas, elles ont déployé une politique volontariste pour mettre en place des services pour ces migrants. Les municipalités ont joué un rôle important dans ce dispositif.

Les Syriens sont arrivés dans une période de boom économique important pour la Turquie, ce qui a facilité leur absorption et leur capacité à trouver du travail sur le sol turc. Le pays d'origine est aujourd'hui le problème pour tous ces migrants. La Turquie s'est substituée sur le plan social et économique à leurs pays d'origine. Les migrants se sont presque naturellement intégrés ; ils ne sont pas allés plus loin que la Turquie, d'autant qu'ils se trouvaient très près de leur propre pays. La croissance économique importante a été un facteur capital dans cette intégration. Aujourd'hui, la situation économique se dégradant, les tensions sociales peuvent revenir.

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