Le pacte européen lancé l'an dernier mentionnait la solidarité. Beaucoup d'associations et d'acteurs de la société civile ont cru qu'il s'agissait de la solidarité envers les personnes en migration. C'était une illusion. Non, il s'agissait de la solidarité entre États européens. La seule solidarité existant aujourd'hui tient au fait d'être d'accord pour externaliser et repousser tous les conflits et problèmes en dehors des frontières de l'Union européenne. Les tensions interétatiques sont loin d'être résolues. Le Brexit est certainement une conséquence de l'incapacité des États européens à gérer collectivement ces problèmes.
Je travaille sur la question locale dans une logique de subsidiarité. La subsidiarité a pour objectif que les problématiques soient gérées au niveau le plus proche possible des citoyens dans une logique de participation. Il s'agit de trouver des espaces de dialogue et de négociation entre le pouvoir européen et les instances régionales et locales afin que les questions soient traitées au bon endroit.
La question de la migration en est un exemple très clair. En ce qui concerne la dimension frontalière de la migration, c'est-à-dire le transit d'une personne à travers une frontière, la logique européenne est de renforcer les frontières et de crisper ces espaces. La logique locale s'interroge, elle, sur les trajectoires des personnes en migration. Il s'agit de prendre en compte la projection, l'imaginaire que se construit une personne en migration pour articuler des dynamiques constructives de cohabitation. Cela éviterait de rester sur un clivage de haine et de méfiance vis-à-vis des personnes venant d'ailleurs.