Je connais parfaitement la question des mineurs non accompagnés. J'ai créé à Nantes un programme d'accompagnement aux soins des mineurs non accompagnés. Cette question est extrêmement compliquée. C'est un enjeu fort pour tous les mineurs non reconnus mineurs sur des critères subjectifs et aléatoires. Ils se retrouvent à la rue et ne rentrent dans aucune case. Ils ne sont ni mineurs ni majeurs. Tout repose donc pour eux sur la solidarité.
Vous avez relié la question des mineurs à la question des outre-mer. De nombreux régimes dérogatoires existent et nous constatons un manque de places d'hébergement. Même pour le dispositif national d'accueil (DNA) ou pour l'allocation pour demandeur d'asile (ADA), la question des outre-mer est constamment traitée à part. Tout y est dérogatoire. Ici, l'on ne respecte pas le droit des personnes – en tout cas, pas de toutes. Certaines personnes sont hébergées, certaines personnes sont accompagnées vers le soin, certains dispositifs fonctionnent ; mais cela est loin d'être le cas pour tout le monde. 50 % des demandeurs d'asile sont à la rue. Ce chiffre est pour moi totalement inadmissible. Les campements proviennent également tout simplement du non hébergement des demandeurs d'asile.
Nous avons l'habitude de dire à Médecins du monde qu'il n'y a pas de crise migratoire mais qu'il y a une crise de l'accueil et de la solidarité. Il y a eu effectivement un pic d'arrivée migratoire en 2015 et 2016, mais à cette époque il s'est particulièrement dirigé vers l'Allemagne. Entre 2015 et 2016, les Allemands ont accordé le statut de réfugié à 600 000 personnes, alors que nous l'avons accordé à 60 000 personnes. Les Allemands font dix fois mieux que nous.
Je répondrai à votre question sur la résorption des campements. Les ARS peuvent parfois être présentes. Mais est-ce les ARS ou les préfectures qui sont en première ligne ? Quand on démantèle un campement, on ne fait qu'expulser des gens du dehors – c'est un concept assez incroyable. Parfois, ils sont logés ou relogés, mais cela est souvent pour une durée de trois jours, après lesquels ils se retrouvent à nouveau à la rue. Il existe un décalage entre les textes et les faits. Nous sommes soi-disant en France le pays des droits de l'homme et nous avons soi-disant le meilleur système de santé au monde. Dans les faits, les conditions de vie des personnes sont vraiment différentes.