Intervention de Grégory Verdugo

Réunion du mercredi 21 juillet 2021 à 15h00
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Grégory Verdugo, professeur des universités à l'université d'Evry :

Nous sommes – avec mon équipe – en train de mener une étude sur la répartition des immigrés sur le territoire national. Lorsqu'ils sortent des grands bassins d'emplois les plus dynamiques, ils peuvent bénéficier de meilleures conditions de logement (en particulier dans le cas de familles nombreuses). Ils ont cependant une plus grande probabilité de ne pas être employés ou de décrocher un emploi de moins bonne qualité. Nous sommes là face à un compromis qu'une partie de la population française peut aussi faire, avec d'une part des zones très dynamiques économiquement où le logement est rare et cher et d'autre part des zones moins dynamiques économiquement où le logement est abondant et plus abordable. Dans les grandes métropoles assez dynamiques, les emplois créés au cours des dernières années sont peut-être plus difficiles d'accès pour les immigrés que pour les natifs. En corollaire, certaines villes sont marquées par une abondance de logements et par une population en décroissance. Si des zones rurales peuvent tout à fait être dynamiques économiquement, l'insertion professionnelle y est encore plus difficile pour les immigrés que pour les natifs lorsque ce n'est pas le cas.

La distinction entre réfugiés et immigrés économiques est d'abord légale, les premiers étant demandeurs d'asile et cherchant à faire reconnaître que leur décision d'émigration est liée à ce statut. En pratique, cette distinction n'est pas claire et il est souvent question d'immigration mixte. En effet, les décisions d'émigration peuvent tenir tant à des considérations économiques qu'à des situations de réfugiés ou de demandeurs d'asile (ceux-ci cherchant à fuir des troubles ou des persécutions dans leur pays d'origine). Aussi, un immigré économique « pur » – si vous me permettez l'expression – vient d'un pays où sa sécurité n'est pas menacée. Pour les réfugiés, la décision d'émigration prend potentiellement en compte les différents facteurs mentionnés, et le choix du pays de destination ne se fait pas de manière neutre car ils cherchent à obtenir de meilleures conditions de vie. Les facteurs économiques peuvent venir s'ajouter à des considérations plus spécifiques aux demandeurs d'asile.

La reconnaissance des diplômes peut effectivement constituer une barrière, plus particulièrement lorsque ceux-ci sont requis pour exercer les activités en question. En France comme dans d'autres pays, un certain corporatisme dans des professions régulées peut jouer. Dans d'autres domaines d'activités, la reconnaissance des diplômes peut avoir moins d'importance – du moins à long terme – lorsqu'il est possible de prouver ses compétences ou ses connaissances, mais elle peut bien entendu accélérer l'intégration professionnelle des personnes concernées.

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