Je ne connais pas les détails de l'accord-cadre dont il est question, mais mon expérience passée ne me porte pas à l'optimisme sur le sujet. Pour avoir participé à un comité d'évaluation mis en place dans le cadre du comité interministériel à l'intégration, j'ai trouvé – en tant qu'universitaire – qu'il ne s'agissait pas à proprement parler d'évaluation.
Sur les mineurs non accompagnés, je n'ai pas d'expertise particulière. Une expérience générale à propos de l'immigration montre l'importance de prévoir, de planifier et de réaliser des investissements en capital humain spécifiques via l'acquisition de la langue ou de certaines compétences. L'incertitude quant au fait de pouvoir rester dans le pays nuit évidemment à ces investissements. Cela étant, je n'ai pas de compétences du point de vue juridique pour indiquer ce qui pourrait être mis en œuvre pour améliorer la situation des mineurs non accompagnés.
Je vous remercie de votre question sur nos étudiants étrangers. Sur un plan strictement économique, le fait d'avoir des personnes compétentes et qualifiées est positif. Dès lors, tout ce qui facilite leur arrivée et leur volonté de rester dans le pays va dans le bon sens. Il apparaît que nous ne sommes pas performants en France en ce qui concerne la transition entre immigration d'études et immigration de travail. La circulaire Guéant de 2011 avait – dans un objectif relatif au nombre d'immigrés en France à quelques mois de l'élection présidentielle de 2012 – conduit au départ de diplômés de grandes écoles ou de doctorants étrangers (sans compter des personnes qui avaient déjà un emploi). Si des améliorations sont intervenues depuis dans ce domaine, il semble intéressant de continuer travailler à une meilleure insertion des étudiants étrangers sur le marché du travail français, sachant qu'ils maîtrisent généralement la langue et qu'aucun problème de reconnaissance des diplômes ne se pose pour eux. C'est quelque chose qui semble important tant d'un point de vue économique que politique.
En tant que professeurs, nous avons tous été confrontés à la situation d'étudiants étrangers qui souhaitaient rester en France à l'issue de leurs études mais qui n'ont pu le faire ou qui ont été confrontés à des barrières à l'accès à la citoyenneté.
S'agissant de la dernière question, je ne suis pas un expert en droit administratif. Pour autant, force est de constater que la plupart des compétences relatives à l'immigration sont du ressort du ministère de l'Intérieur. C'est certainement lié à la vision plus sécuritaire qu'économique ou intégrative largement répandue dans la société française concernant l'immigration.