Intervention de Marélie Arrighi

Réunion du mercredi 21 juillet 2021 à 16h15
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Marélie Arrighi, adjointe de direction Intégration pour la région Occitanie de l'association Forum réfugiés – Cosi et responsable du pilotage du programme Accelair dans la région :

L'association Forum réfugiés-Cosi aura bientôt quarante ans. Elle est implantée dans une quinzaine de départements en France et assure l'accompagnement de plus de trente mille étrangers chaque année. Nous intervenons sur l'ensemble du parcours migratoire, non seulement dans le cadre des dispositifs de premier accueil et d'hébergement des demandeurs d'asile, mais également sur le dispositif d'intégration des personnes bénéficiant d'une protection internationale. Nous sommes également présents dans les centres de rétention administrative et nous avons des projets internationaux de sorte à disposer d'une vision plus fine des enjeux des pays d'origine des publics accompagnés. Une des spécificités de notre association réside dans ses actions de plaidoyers. En 2021, l'association emploie près de cinq cents salariés.

J'interviens aujourd'hui sur la thématique de l'accès des migrants à la formation professionnelle et à l'emploi et plus spécifiquement sur l'accès à la formation professionnelle et à l'emploi des personnes bénéficiant d'une protection internationale, c'est-à-dire des personnes réfugiées, apatrides ou bénéficiaires d'une protection subsidiaire. Il s'agit de personnes qui, à l'issue d'un parcours d'exil et de migration, sont arrivées sur le territoire français et ont sollicité et obtenu une protection, notamment en raison de craintes fondées de persécution dans leur pays d'origine. Lorsqu'ils ont obtenu ce statut, ces réfugiés ont le droit de travailler en France sans restriction et peuvent accéder à l'emploi comme n'importe quel citoyen français.

Ce statut recouvre un très grand nombre de réalités différentes et des profils très hétérogènes. En bénéficient des personnes provenant des quatre coins du monde, mais l'Afghanistan, l'Albanie, le Soudan, la Syrie et la Guinée constituent les principaux pays d'origine des migrants suivant nos programmes. Le plus souvent, ces personnes ont déjà travaillé dans leur pays d'origine et elles disposent alors d'un statut protecteur qui leur permet d'engager un parcours d'intégration sur le territoire français.

Forum réfugiés-Cosi est investi sur l'enjeu de l'intégration des bénéficiaires d'une protection internationale depuis de nombreuses années et notamment, depuis 2002, année du déploiement dans le Rhône du programme Accelair. Depuis, neuf autres programmes d'intégration ont été développés dans dix départements différents et deux régions, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie. Dans ce cadre, nous accompagnons le public bénéficiaire d'un statut de protection internationale dans l'ouverture des droits, l'accès à la formation, l'emploi et l'accès au logement.

L'ensemble des programmes d'intégration fonctionne selon des principes fondamentaux identiques, mais ils sont tous différents afin de se déployer au plus près des réalités locales et des besoins des publics concernés. Le déploiement de chaque programme est systématiquement précédé d'une démarche de diagnostic territorial de sorte à identifier les besoins et les attentes des acteurs institutionnels et associatifs locaux ainsi que ceux des personnes accompagnées.

Les programmes d'intégration se déclinent selon quatre principes fondamentaux :

- une approche d'accompagnement global : l'insertion professionnelle et les questions d'hébergement, de logement, d'ouverture de droits, etc., seront traitées en parallèle de sorte à concrétiser véritablement le parcours d'intégration ;

- l'expertise de l'accompagnement réalisé par des professionnels qui disposent d'une connaissance très fine du public concerné, des spécificités liées au statut et des enjeux de l'interculturalité ;

- le travail en réseau : les partenariats institutionnels, associatifs ou de droit commun, avec des acteurs spécialisés représentent le cœur des programmes Accelair ;

- un accompagnement individuel et personnalisé : les profils du public sont variés, entre celui qui n'a jamais été scolarisé et celui qui est titulaire d'un doctorat dans son pays d'origine, par exemple.

En 2020, nous avons accompagné près de trois mille ménages dans le périmètre des dix départements, soit environ quatre mille cinq cent cinquante personnes. Mille cent contrats de travail ont été signés et neuf cent quatre-vingts adultes ont intégré une formation. Par ailleurs, nous avons facilité l'accès au logement autonome pour plus de six cents ménages qui ont signé des baux.

Le travail d'accompagnement à l'insertion professionnelle se déroule sur plusieurs niveaux. Il s'agit prioritairement d'expliquer et de familiariser le public aux techniques de recherche emploi en France.

Parallèlement, le travail de mobilisation des réseaux d'employeurs, de sensibilisation des acteurs du droit commun sur le public et de mobilisation de l'offre de droit commun est également essentiel.

Enfin, il conviendra de développer des actions spécifiques afin de combler les lacunes identifiées dans la levée des freins spécifiques à ce public. À titre d'exemple, la question de la langue est prégnante. En effet, à l'obtention du statut, 80 % des bénéficiaires d'une protection internationale présentent un niveau en français qualifié classiquement « de survie » qui ne leur permet pas d'accéder directement à l'emploi. Le parcours de langue est rarement initié au moment de la demande d'asile et il constitue un des enjeux des politiques d'accueil.

La question de la mobilité est également importante. En effet, certains pays, tels que l'Afghanistan, ont disparu de la liste des accords de réciprocité qui permettent, par exemple, un échange automatique du permis de conduire. L'enjeu de la mobilité est particulièrement crucial dans les territoires ruraux.

La reconnaissance des diplômes obtenus dans le pays d'origine constitue un véritable problème puisque 42 % du public présentent un niveau d'études supérieur au Baccalauréat et souhaitent une reconnaissance des diplômes obtenus dans leur pays d'origine.

La problématique de la garde d'enfants, notamment pour les ménages monoparentaux, peut constituer un frein à l'accession à un parcours linguistique, de formation ou d'emploi.

Enfin, certaines vulnérabilités constitue également un point essentiel, notamment les enjeux de santé mentale liés à des parcours d'exil.

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