J'adhère aux propos tenus par Mme Arrighi s'agissant des compétences informelles. L'action menée par Forum réfugiés est plus étendue que la nôtre, puisque nous nous limitons à une action très unitaire, au cas par cas. J'ajouterais néanmoins que la mobilisation de l'artisanat constitue également un enjeu important. Nous avons développé un programme JRS Ruralité qui agit essentiellement en zone rurale. Nous constatons que les entrepreneurs ou les artisans de petite taille représentent un vivier extrêmement important d'emplois. Il serait souhaitable que les politiques publiques réfléchissent à leur mobilisation. La clarification du régime juridique applicable à l'ouverture de stages, de périodes d'observation, de mises en situation, etc., serait un élément favorisant.
S'agissant de l'interculturalité, le programme JRS Jeunes est basé sur plusieurs principes. Le premier réside dans la co-construction, à savoir le travail collectif des personnes exilées et des personnes locales en vue de construire ensemble des activités. Le programme s'appuie sur les talents des personnes qui y participent afin d'offrir des activités et les développer au profit de tous. JRS a ouvert une « école d'été » à laquelle assistent quotidiennement entre quatre-vingts et cent personnes. L'après-midi, les personnes exilées organisent ensemble leurs activités et en assument la responsabilité. Elles retrouvent ainsi de l'estime d'elles-mêmes et déploient leurs talents. Bien sûr, nous rencontrons des difficultés et nous travaillons beaucoup sur la logique interculturelle en constituant des groupes de dix à quinze personnes avec lesquels nous traitons de thématiques diverses (le rapport au temps, au travail, la relation homme-femme, etc.). C'est essentiel notamment dans le cadre d'un dispositif d'hospitalité citoyenne.
L'AFPA procède à des expérimentations relatives à la valorisation des acquis d'expérience (VAE). Ces programmes nous semblent très efficaces. Nous entretenons des relations avec le CNAM, qui a soutenu notre rapport, et nous menons des expérimentations au niveau micro. Nous souhaitons l'universalisation la VAE. Actuellement, moins de 10 % des personnes étrangères accèdent à ce dispositif et le pourcentage de réfugiés est encore plus faible. Actuellement, ces dispositifs imposent de justifier d'un diplôme ou d'une antériorité d'expérience. Ces conditions, peu adaptées au public réfugié, s'assouplissent sensiblement.
Nous essayons de travailler en subsidiarité avec Pôle Emploi. Lorsque nous accueillons une personne à JRS, nous nous assurons que ses droits communs sont ouverts et qu'elle est en relation avec un conseiller de Pôle Emploi. Certains conseillers de Pôle Emploi sont ouverts et volontaires dans l'accompagnement. Toutefois, force est de constater que les personnes qui ne maîtrisent pas très bien le français ne sont pas prises en charge de manière satisfaisante par le droit commun de Pôle Emploi. Elles ne comprennent pas ce qui leur est demandé, elles n'ont pas accès, notamment dans le cadre des rendez-vous à distance imposés par la situation sanitaire, à une compréhension fine de leurs droits. Dès lors, elles ne bénéficient d'aucun accompagnement dédié. Il serait souhaitable de disposer d'ingénieurs d'intégration dans nos services publics, non seulement à Pôle Emploi, mais également à la caisse d'allocations familiales (CAF) et ailleurs, qui connaissent les particularités de ces publics. Néanmoins, nous avons également mené des expériences très positives avec certaines CAF et certains Pôles Emploi, en fonction des relations individuelles que nous parvenons à nouer.