Lorsque nous avons lancé le lab, l'importance de la langue est ressortie comme un besoin prioritaire pour ces personnes, avant les questions d'appui dans les démarches administratives et l'accompagnement pour des personnes dont la santé physique ou psychique est en question. Les aspects financiers entrent également en ligne de compte, car les personnes peuvent être conscientes de la nécessité d'apprendre la langue pour développer leur employabilité tout en se demandant comment le faire sans rémunération immédiate.
La question de la complexité de la cartographie des acteurs et structures qui peuvent être sollicités est pertinente. Nous essayons d'améliorer la visibilité pour les personnes grâce à une connexion entre les services de l'OFII et ceux de Pôle Emploi ou des missions locales qui prennent le relais sur les aspects d'insertion professionnelle. Au niveau de Pôle Emploi, ces personnes sont en grande majorité accompagnées de manière renforcée. Nous avons en notre sein des collègues qui peuvent intervenir de manière plus pointue auprès des populations migrantes. Nous faisons néanmoins en sorte de déployer des formations sur ces sujets dans la continuité et de développer la connaissance de nos personnels sur les évolutions en termes de titres de séjour (notamment pour anticiper de possibles ruptures de parcours au sein de Pôle Emploi).
Pour répondre plus concrètement à votre question sur la cartographie, Pôle Emploi prend en charge l'inscription des personnes et leur accompagnement pour bénéficier de l'offre de services au niveau professionnel. Les missions locales assurent sensiblement les mêmes rôles pour les personnes de moins de 26 ans. Il revient à tous nos services de faire en sorte que la cartographie soit relativement simple pour les personnes accompagnées. Les conseils régionaux pilotent toutes les questions d'accès à la formation. Nous travaillons avec eux pour évaluer – entre autres – les besoins de formation en français, français langue étrangère (FLE) et en FLE professionnel (ce que nous essayons de développer dans le cadre du programme). Les conseils régionaux sont en tête de file sur ces aspects de formation, les programmes étant sur tous les territoires construits en complémentarité. Avec les départements, nous travaillons davantage pour les publics au RSA, ce qui ne concerne généralement pas – ou pas directement du moins – les personnes qui arrivent sur le territoire français. Le fait que les services de Pôle Emploi soient déconcentrés permet de construire localement des partenariats avec des acteurs ou des structures comme les maisons de l'emploi et de la formation. Au sein de Pôle Emploi, chaque agence et chaque département dispose d'un budget qui peut être mobilisé pour venir en complément de l'offre de service nationale.
Nous ne disposons pas d'interprètes dans les services de Pôle Emploi. Depuis janvier 2021, un test est en cours sur l'Ile-de-France, l'Occitanie et l'Aquitaine autour d'un outil d'intelligence artificielle permettant à une personne de pouvoir avoir accès à des informations dans 126 langues à l'écrit et dans onze langues parlées. Les conseillers de Pôle Emploi ont été formés à l'utilisation de cet outil. Le test se terminera en fin d'année et il entre dans le cadre des initiatives destinées à faciliter l'accès à Pôle Emploi pour ces publics. Pour l'accompagnement dans leur parcours, il est certain que les personnes ne pourront pas avoir un interprète en permanence à leurs côtés, d'où la nécessité d'intensifier les efforts en faveur de l'acquisition de la langue pour leur permettre d'augmenter leur autonomie.
Sur l'insertion à l'emploi, l'accès statistique est à parfaire. D'après un croisement de l'OFII et de Pôle Emploi, le taux d'insertion serait de 9 %. Nous avons un enjeu de mise en commun des systèmes d'informations pour pouvoir mieux suivre le parcours des personnes mais aussi pour voir quelles briques de parcours ont pu leur permettre de s'insérer sur le marché de l'emploi.