Intervention de Pascale Gérard

Réunion du mercredi 21 juillet 2021 à 17h30
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Pascale Gérard, directrice de l'insertion sociale au sein de l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) :

Pour aller dans le sens de ma collègue sur la question du millefeuille, une montre est très compliquée à fabriquer mais assez simple d'utilisation. L'idée doit être la même pour les programmes que nous mettons en œuvre.

En plus de la formation, les régions ont une compétence pleine et entière en ce qui concerne la gestion des réfugiés. Pour autant, je n'en connais aucune qui se soit saisie à bras-le-corps de cette compétence. C'est regrettable quand on voit que le taux d'insertion à l'emploi est de l'ordre de 90 % pour des personnes qui ont bénéficié d'un accompagnement social et de formations. Sur les formations FLE, Pôle Emploi se substitue dans un certain nombre de cas aux régions alors que celles-ci ont touché une dotation de décentralisation. Nous avons là un sujet d'arbitrage par rapport à des compétences qui pourraient peut-être rester ou redevenir régaliennes ; celle afférente à la gestion des réfugiés en fait partie.

Dans des structures d'hébergement, il m'est arrivé de rencontrer des personnes qui avaient signé leur CIR depuis deux ou trois ans sans que rien ne se passe vraiment pour eux depuis. C'est de nature à faire qu'elles soient désabusées, découragées, voire pour certaines en colère. En effet, le titre de séjour était pour elles une forme de sésame. Partant de là, il semble vraiment nécessaire de ne pas « lâcher » ces personnes après la signature du CIR et il faut leur donner des perspectives de formation ou d'insertion professionnelle.

Les démarches administratives représentent un frein majeur à leur intégration. Dans le cadre de HOP, nous avons pu financer un équivalent temps plein par cohorte de douze personnes pour gérer les problématiques administratives voire de santé de celles-ci. Il s'agit là d'un vecteur de non-rupture.

Pour revenir sur les questions de la langue, nous avons choisi – au niveau de l'AFPA – de traduire nos documents dans la plupart des langues des personnes accueillies. Il est important de veiller à cette traduction puisqu'elles sont amenées à signer des contrats sur cette base (que ce soit pour la mise à disposition d'un hébergement pour les parcours de formation).

Comme vous l'avez suggéré, il semble important les professionnels de Pôle Emploi et de l'AFPA à l'interculturalité car ils sont amenés à accueillir des personnes dont ils ne connaissent rien, ce qui n'est pas évident à gérer dans un sens comme dans l'autre. Ces formations peuvent notamment permettre de déconstruire des représentations. À l'AFPA, nous faisons déjà intervenir des associations travaillant dans le champ de l'interculturalité, d'autant que certaines d'entre elles abordent aussi les sujets des troubles psychiques liés aux migrations. Ces interventions – qui peuvent se faire de manière collective ou individuelle – participent à éviter des ruptures dans les parcours.

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