La jurisprudence montre que le fait d'avoir eu une famille hétérosexuelle ne signifie pas que la demande d'asile n'est pas fondée. La demande d'asile des personnes LGBT relève de l'intime et de la façon dont la personne souhaite mener sa vie. Il n'est pas possible de la juger.
Nous percevons très peu de financements de l'État concernant l'asile. Nous parvenons à financer nos actions de formation. Nous faisons appel à des fondations privées pour financer nos actions de santé, mais la grande difficulté pour nous est de trouver des financements pour l'accès aux droits et l'aide à la rédaction de récits. Or, nous apportons une expertise reconnue et appréciée par les institutions sur ces sujets. Nous participons également à des groupes de travail sur la vulnérabilité avec le ministère de l'Intérieur. Nos ressources sont cependant faibles au regard de cette expertise.
Les bénévoles qui mènent nos actions sont peu issus des demandeurs d'asile. Nous comptons néanmoins quelques demandeurs d'asile ou réfugiés qui s'investissent dans l'association et apportent une expertise précieuse de personnes concernées. Elles apportent également une aide à l'interprétariat, qui est extrêmement important. En effet, en ce qui concerne les personnes LGBT, certains termes peuvent être insultants dans la langue étrangère, ce qui est susceptible de créer des incompréhensions et des confusions pendant l'audience.
En ce qui concerne les marges d'erreur, certaines personnes ont déposé une première demande d'asile lorsqu'elles étaient en situation de stress post-traumatique très grave, avec l'impossibilité de se souvenir, une confusion relative à la chronologie des événements et un sentiment de honte associé à la condition de LGBT. Or, cette honte persiste quelquefois après la venue en France, à des degrés divers. Une personne fragile ayant un traitement médicamenteux psychiatrique très lourd a vu sa demande rejetée parce que son récit n'avait pas été cru en première instance. Un accompagnement de deux ans et demi par notre association a abouti à un réexamen de sa demande d'asile. Les institutions ont des difficultés à tenir compte de la grande fragilité de certaines personnes en examinant leur dossier. Or, chaque demande d'asile est une histoire particulière.
La question des passerelles nous intéresse vivement. Nous sommes souvent sollicitées par des personnes demandant notre aide pour fuir des persécutions anti-LGBT. Certaines associations sont très actives, telles que Rainbow Railroad, qui procède à des activités d'exfiltration. Le succès repose généralement sur le tissu associatif LGBT dans les pays d'origine. Nous devons mener une réflexion pour favoriser ce tissu associatif et constituer des partenariats.