Intervention de Marc Dixneuf

Réunion du mercredi 1er septembre 2021 à 14h00
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Marc Dixneuf, président de AIDES :

Ce sont aujourd'hui les associations qui paient les droits de timbre des étrangers lorsqu'ils doivent mener des démarches. Nous subventionnons également d'autres associations de lutte contre le SIDA. D'autre part, des bénévoles ayant un emploi salarié par ailleurs donnent du temps pour accompagner des demandeurs d'asile à la préfecture. Aujourd'hui, une personne qui se rend en préfecture pour faire valoir ses droits au séjour ne peut pas s'y rendre seule, car cela est trop complexe. En outre, certaines exigences, comme le diplôme du baccalauréat ou le CV, ne sont pas légales. Il faut pouvoir le signaler, et donc être accompagné.

La crise est un facteur d'aggravation de l'état de santé des personnes vivant avec le VIH ou y étant exposées. C'est également un facteur aggravant de violence à leur encontre. La politique interministérielle en France est celle du ministère de l'Intérieur. La santé publique en France n'existe pas, mais seulement le budget de la Sécurité sociale. La santé publique ne fonctionne pas ; elle n'est pas intégrée comme une politique publique ayant de la valeur.

Si l'on souhaite une politique interministérielle ou européenne, il faut en connaître le sens. À quoi sert Frontex, par exemple ? Il s'agit d'un ministère de l'intérieur européen qui ne s'inscrit pas dans une logique d'accueil des personnes, d'accompagnement, de renforcement de capacité ou de respect de la dignité des personnes. Si l'on souhaite faire du contrôle migratoire, c'est-à-dire empêcher les personnes de venir, ou les maltraiter au point qu'elles se noient ou se suicident, il faut continuer sur cette voie.

Au sujet du dévoiement, j'ai été accusé quelques années auparavant sur les réseaux sociaux de diriger une association de mafieux trafiquants de migrants. Nous avons porté plainte pour diffamation. Il s'agissait d'un bel exemple de dévoiement par une personne se prétendant défenseur des droits des LGBT. Un argument raciste consiste à dire que certaines personnes se prétendent homosexuelles pour bénéficier du droit d'asile, mais qui veut être homosexuel, en réalité ? Personne, même en France. L'épidémie de VIH est corrélée aux violences que subissent les personnes LGBT, qui se sont aggravées depuis dix ans.

Concernant la dimension internationale, nous avons fondé une coalition internationale d'associations communautaires de lutte contre le SIDA. Elle inclut l'Equateur, la Colombie, la Bolivie, le Burkina, le Mali et le Burundi notamment. Elle a 13 membres, qui ont tous des centres de santé prioritairement destinés aux hommes homosexuels ou ayant des relations sexuelles avec des hommes tout en ayant une vie sociale et familiale hétérosexuelle. Grâce au lien avec ces associations, nous avons une bonne connaissance de la situation des militants homosexuels. Beaucoup de militants d'AIDES sont issus des personnes que nous avons accompagnées. Dans ces pays, la violence envers les personnes LGBT est permanente. Il arrive que nous soyons contraints d'accompagner des militants à l'exil. Cela s'est produit en Afrique, où un certain nombre de militants ont été pourchassés et exfiltrés vers la France il y a une quinzaine d'années. À la suite de cela, nous avons créé le réseau AGCS, dans lequel nous sommes la seule association blanche française. Les autres associations sont africaines, et nous les soutenons, pour favoriser la défense des droits des LGBT dans ces pays. Ces militants souhaitent cependant rester sur place.

Les seules personnes qui parviennent à venir d'Afrique sont celles qui ont les moyens d'avoir des papiers et de payer des billets d'avion. Ce ne sont donc pas les personnes dont nous parlons aujourd'hui. Ce peut être vos homologues, mais pas les migrants dont nous parlons aujourd'hui.

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