Intervention de Frédérique Martz

Réunion du mercredi 1er septembre 2021 à 17h25
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Frédérique Martz, co-fondatrice et directrice générale de l'institut Women Safe & Children, prête serment :

La direction de l'institut a souhaité mettre la santé au centre d'une organisation pluridisciplinaire pour une raison simple : une femme en mauvaise santé ne sera pas à même de suivre les conseils et préconisations que nous pourrons émettre. Nombre de femmes sont enceintes quand elles arrivent, car elles ont besoin d'un ancrage social et elles estiment que l'enfant le leur permet. C'est pourquoi même si l'enfant est issu d'un viol, elles ne demandent pas d'IVG, bien que nous disposions d'un centre à proximité. Par ailleurs, de nombreuses femmes ne viennent pas avec leurs enfants et nous devons alors nous occuper du rapatriement des enfants. Nous sommes fréquemment confrontés à de jeunes majeurs isolés, qui peuvent poser des problèmes dans leurs foyers. Les travailleurs sociaux identifient chez eux un mal-être difficile à qualifier, qui peut être issu d'un psycho-traumatisme lié aux violences subies dans leur pays d'origine ou même sur le territoire français à leur arrivée. Nous accueillons ces enfants lorsqu'ils sont entrés dans le processus administratif de l'aide sociale à l'enfance (ASE). Les travailleurs sociaux ne sont pas toujours formés à identifier les différents types de maltraitance exercés dans le pays d'origine, notamment l'excision. Par exemple, nous avons souvent accueilli des jeunes filles qui ne savaient pas qu'elles étaient excisées et souffraient d'énurésie.

Nous recevons des femmes d'Afrique subsaharienne et de nombreuses femmes d'Afrique du Nord. Elles souvent mal intégrées, voire pas identifiées sur le territoire français. Elles n'ont pas côtoyé les services sociaux et souvent ne parlent pas français. Nous sommes confrontés à un problème d'accréditation des traducteurs car, bien souvent, les personnes qui se disent habilitées à accompagner les femmes ne parlent la langue et la traduction ne convient pas. Bien souvent, des femmes présentes sur le territoire depuis deux à trois ans ne parlent pas du tout français. Une priorité en matière d'insertion serait de placer ces femmes dans une filière où elles puissent acquérir de l'autonomie par l'échange et par la langue.

Je souhaite enfin tempérer le regard critique souvent porté sur l'OFPRA. Nous avons eu la chance d'être conviés par l'OFPRA, qui souhaite vivement de l'aide pour l'accompagnement des femmes. Les entretiens auxquels nous avons assisté étaient de très haut niveau. Les personnes de l'OFPRA savent mener des entretiens très méticuleux afin d'examiner la véracité des propos tenus. Elles savent également explorer le parcours des migrantes de façon très détaillée afin de bien comprendre les motifs de leur présence sur le territoire français.

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