Intervention de Yasmine Degras

Réunion du mercredi 8 septembre 2021 à 17h30
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Yasmine Degras, responsable de la mission des mineurs non accompagnés au sein du ministère de la justice :

Pour compléter les propos de Charlotte Caubel, il est vrai que nous avons actuellement une conception restrictive du phénomène migratoire, mais nous ne sommes pas les seuls en Europe – je pense à l'Espagne, à l'Italie et même à l'Europe dans son ensemble. Je ne porte pas de jugement mais il s'agit, hélas ! d'une réalité européenne.

L'opération de relocalisation des MNA de Grèce est un beau projet, fédérateur puisqu'il relève d'un programme européen. Il s'agit d'une action de solidarité à l'égard des autorités grecques, qui avaient sur leur sol, dans les camps de réfugiés, de nombreux migrants mineurs. La France et l'Allemagne se sont engagées à accueillir chacune 500 d'entre eux, dix autres pays ayant pris un engagement identique mais qui porte sur un nombre de mineurs moins important. Cette opération, qui a commencé il y a un an, aurait dû s'achever à la fin de l'année dernière mais, en raison de la crise liée au covid-19, les arrivées ont été différées.

Il s'agit, il est vrai, d'un bel exemple d'accueil, mais celui-ci s'inscrit dans un cadre particulier. En effet, nous n'avons pas affaire ici aux jeunes migrants que nous accueillons habituellement au titre de la protection de l'enfance : ces derniers proviennent, à hauteur de 65 %, d'Afrique de l'Ouest et sont très rarement éligibles au droit d'asile. Quant aux jeunes migrants en provenance des camps de Grèce, leur situation est examinée en amont de leur arrivée sur le territoire français et ils sont tous éligibles à la protection internationale. Les mécanismes créés pour l'accueil de ces jeunes, répartis dans l'ensemble des départements, sont très intéressants et doivent pouvoir être utilisés pour les autres mineurs. Toutefois, je le répète, la situation de ces jeunes relocalisés depuis la Grèce est différente de celle de la grande majorité des populations migrantes, qui quittent leur pays pour des raisons économiques, climatiques ou parce qu'elles sont victimes de maltraitance. En tout état de cause, l'opération va conduire à une augmentation du nombre d'octrois du statut de demandeur d'asile à des mineurs, qui est très faible en France, et c'est une très bonne chose. Mais, encore une fois, nous avons affaire ici à une partie seulement de la migration globale.

La relocalisation se passe bien. À ce jour, près de 350 jeunes sont arrivés sur notre territoire, en dix vagues successives. Ils sont très bien accueillis dans les départements, voire mieux que les jeunes que nous orientons quotidiennement. Néanmoins, on constate qu'environ 10 % d'entre eux fuguent, pour des raisons aisément compréhensibles. En effet, la majorité d'entre eux sont de jeunes Afghans qui auraient préféré être accueillis en Allemagne, où il existe une importante communauté afghane. Ainsi certains d'entre eux cherchent à se rendre, soit en Allemagne, soit en Grande-Bretagne.

Dans le cadre de notre travail avec les différentes autorités concernées – ministère de l'intérieur, OFPRA, direction générale de la sécurité intérieure, Office des migrations internationales –, nous apprenons à organiser l'accueil de ces populations et nous contribuons à leur prise en charge rapide ainsi qu'à l'octroi d'une protection subsidiaire.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.