Intervention de Jean-Paul Roumegas

Réunion du jeudi 9 septembre 2021 à 9h00
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Jean-Paul Roumegas, conseiller international et partenariats du CNOUS :

Je ne peux résister au plaisir de rebondir sur vos propos qui me font chaud au cœur, madame la rapporteure. Jusqu'en 2012, j'étais chargé de la gestion des boursiers étrangers : je passais donc mon temps à négocier avec les ministres de gouvernements étrangers l'envoi de leurs étudiants en France. Il est particulièrement réjouissant pour moi de constater qu'une députée française est passée par les CROUS. D'ailleurs, beaucoup de responsables étrangers décidaient d'envoyer un certain nombre de leurs étudiants en France parce qu'ils avaient eux-mêmes vécu une expérience universitaire très positive dans notre pays, et ils évoquaient systématiquement l'accueil par les CROUS. Ils ne pensaient pas à un dispositif ou à une aide financière, mais surtout à un visage, à un agent du CROUS qui les avait aidés. À titre personnel, je suis totalement convaincu de la nécessité de cet accueil personnalisé. Quand on fait venir des étudiants étrangers en France, c'est pour qu'ils deviennent des amis, pas pour qu'ils vivent une expérience négative ! Plus généralement, tous les étudiants savent que l'attractivité de l'offre française de formation supérieure tient non seulement à son excellence académique, mais également à sa capacité d'accompagnement et à sa dimension sociale. La générosité de notre système est souvent appréciée, bien qu'elle soit aussi parfois injustement dévalorisée puisque les études en France ne sont pas aussi chères que chez certains de nos concurrents sur la scène internationale.

Quels sont les effets bénéfiques de l'accueil d'étudiants étrangers ? Tout le monde est convaincu de l'intérêt du brassage, y compris pour les étudiants nationaux. Il faut donc que les volumes d'étudiants accueillis permettent ce brassage et que nous évitions de concentrer une seule nationalité dans une même résidence. Au-delà du campus, il nous manque un outil de suivi permettant d'apprécier les effets à long terme de l'accueil d'étudiants internationaux pour notre pays. Nous devrions nous donner les moyens d'étudier précisément, tout en respectant les règles de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), le devenir des étrangers qui ont bénéficié pendant cinq ans, par exemple, d'un visa pour études. La première mesure à prendre serait donc de mettre en place un système d'information permettant d'assurer un tel suivi. De même, lorsque nous envisageons un partenariat avec un gouvernement étranger, nous devrions mettre en balance l'intérêt, pour la France, d'accueillir des étudiants internationaux avec l'effet pervers du brain drain, qui prive le pays partenaire des élites qui pourraient l'aider à se développer.

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