Monsieur le président, l'augmentation des frais de scolarité constitue clairement un frein et un obstacle pour les étudiants sénégalais qui souhaitent venir étudier en France. Compte tenu du revenu moyen au Sénégal, la plupart des parents ne peuvent pas assumer le coût des études de leur enfant en France. Les frais de scolarité, à eux seuls, s'élèvent en moyenne à 3 000 euros, auxquels il faut ajouter les dépenses courantes. Au total, un étudiant dépense environ 15 000 euros par an dans le public pour payer son inscription et subvenir à ses besoins. Pour ma part, j'étudie à l'Institut d'études politiques. Le montant de l'inscription et des frais de scolarité de mes camarades est calculé au prorata des revenus de leurs parents. Mais moi, je paie le tarif le plus élevé, 14 500 euros par an. C'était mon choix que d'étudier à l'IEP, mais je peux vous dire qu'il n'est pas facile, pour un étudiant venant de la classe moyenne sénégalaise, de payer 14 500 euros par an pour ses études. Sans l'une des bourses proposées par certaines institutions internationales et, dans une moindre mesure, nationales, la plupart des étudiants ne pourront pas faire face à l'augmentation des frais de scolarité. C'est un obstacle réel.
Il y aura toujours des jeunes gens qui veulent vraiment étudier en France et se donneront les moyens de le faire. Vous continuerez de recevoir des demandes, parce que nombreux sont ceux qui veulent absolument recevoir un enseignement de qualité. Quand on décide de quitter sa famille pour venir en France, ce n'est pas pour profiter de certaines opportunités, mais parce qu'on veut avoir accès à des connaissances qui devraient être universelles ; c'est parce qu'on veut recevoir des enseignements auxquels chacun, dans le monde, a droit. Vous aurez donc toujours, malgré ces obstacles, des combattants qui se donneront corps et âme pour payer ces frais de scolarité. L'idéal serait toutefois de garantir un égal accès à tous les étudiants. Les étudiants étrangers seront dans les mêmes classes, ils recevront les mêmes enseignements et seront évalués de la même façon que les autres, mais ils ne pourront pas bénéficier des mêmes dispositifs et ne paieront pas les mêmes frais de scolarité : qu'est ce qui peut l'expliquer, objectivement ?
Les étudiants étrangers qui sont en France travaillent énormément : ce sont eux qui, après les cours, à dix-sept ou dix-huit heures, vont travailler dans les chaînes de restauration rapide ; ce sont eux qui, sans attaches en France, sont obligés de travailler les samedis et les dimanches. Et on leur complique encore la vie en augmentant les frais de scolarité !
Madame Bénédicte Pételle, le CNOUS dit accueillir 30 % d'étudiants étrangers et je veux bien croire que ces chiffres sont exacts, mais je peux vous dire que seuls 15 % des étudiants sénégalais sont logés par les CROUS. La difficulté d'accès au logement est une réalité sociale à laquelle tout le monde est confronté, certes, mais il convient de trouver des solutions pour renforcer les dispositifs d'accueil des étudiants, par exemple en mobilisant également les bailleurs privés.
J'en viens à la question des comptes bancaires. De nos jours, il est à peu près impossible de vivre sans carte bancaire, or de nombreux étudiants ne peuvent pas ouvrir de compte, faute de domiciliation. Heureusement, il existe effectivement des associations qui leur fournissent une domiciliation provisoire. Notre fédération, comme les associations que nous réunissons, a fait de la solidarité et de l'accompagnement mutuel des piliers de son action. Nous faisons tout pour aider les étudiants qui ont besoin d'une domiciliation.
Enfin, quand j'ai parlé de la police, je faisais référence au commissariat de police qui se trouve dans le quartier de la cité universitaire, dans le 14e arrondissement. Ce commissariat est entièrement dédié aux questions des étudiants.