Effectivement, certains étudiants viennent se former chez nous et repartent dans leur pays avec les compétences qu'ils ont acquises ; d'autres font le choix de rester.
La France développe aussi des programmes pour attirer les meilleurs scientifiques. Je pense notamment à l'initiative Make Our Planet Great Again (MOPGA). Au total, 17 % des maîtres de conférences recrutés par nos universités sont étrangers ; ils viennent enrichir nos équipes pédagogiques et de recherche.
Le programme PAUSE participe de cette politique d'attractivité. Il a permis d'accueillir, depuis 2017, 253 scientifiques issus de 27 pays, dont 60 % exercent dans le champ des sciences humaines et sociales, 25 % dans celui des sciences et technologies et 15 % dans celui des sciences du vivant et de l'environnement. Parmi les bénéficiaires, on compte 45 % de femmes, 35 % de doctorants, 35 % de post-doctorants et 30 % de chercheurs confirmés. Il est vrai que l'on peut s'interroger quant au fait que les sciences et technologies et les sciences du vivant représentent une part moins importante que les sciences humaines et sociales ; il faut travailler à renforcer ces domaines.
Le programme suppose, par ailleurs, un fort investissement des établissements : ces derniers prennent en charge 40 % du coût de l'accueil des scientifiques en exil. Je tiens donc à saluer les établissements ayant fait l'effort de recevoir les 253 scientifiques en question. Par ailleurs, les universités sont pleinement mobilisées pour soutenir les scientifiques afghans : un certain nombre de candidatures sont à l'étude.
La question du rôle de l'Europe se pose. En effet, une politique volontariste menée par un seul des vingt-sept pays est-elle suffisante ? Sûrement non. Doit-il y avoir une coordination des membres de l'Union européenne sur le sujet ? Sûrement oui. La présidence française de l'Union européenne peut être un moment de réflexion privilégié pour engager des initiatives fortes en faveur de la construction de programmes européens.
Concernant les bourses, il est difficile de répondre précisément à vos questions, mais, en tout état de cause, la CPU souhaite que les établissements d'enseignement supérieur, quels que soient leur nature et le ministère auquel ils sont rattachés, soient partie prenante de la construction de la politique en la matière. Ils doivent pouvoir intervenir dans l'attribution des bourses en fonction de leurs orientations scientifiques et pédagogiques et des projets qu'ils entendent construire avec tel ou tel pays et telle ou telle université. Plusieurs opérateurs sont partie prenante dans la politique d'attribution des bourses, notamment les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (CROUS). Des initiatives ont également été lancées par certaines collectivités territoriales. Quoi qu'il en soit, il est important que l'établissement d'inscription soit au cœur des préoccupations. Une réflexion globale doit être menée sur la manière dont nous pourrions mieux accueillir les étudiants et sur les leviers à utiliser pour assurer leur accompagnement social. La crise sanitaire a montré que l'ensemble des acteurs susceptibles de se mobiliser étaient prêts à le faire. Il convient de mieux coordonner ces initiatives, et la CPU considère que les établissements doivent être au cœur de ce processus.