Intervention de Bruno Morel

Réunion du mercredi 22 septembre 2021 à 14h30
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Bruno Morel, directeur d'Emmaüs Solidarité :

Emmaüs Solidarité intervient en Île-de-France pour prendre en charge des publics à la rue au titre d'une centaine de dispositifs. L'association s'est beaucoup mobilisée en 2015 dans ce que l'on a appelé la crise des migrants, et qui était plutôt la crise ou la difficulté du non-accueil. C'est Emmaüs Solidarité qui avait ouvert la Bulle de la Chapelle, où 25 000 personnes ont été mises à l'abri en 17 mois. À Paris, c'est la seule époque à Paris où des situations de rue et de campement ont été évitées aux personnes exilées qui ont pu être traitées avec dignité. La Bulle ayant fermé le 31 mars 2018, un nouveau système a été mis en place et de nouveaux campements se sont reformés.

Nous restons très mobilisés sur ce sujet. Nous avons créé un accueil de jour rue d'Aboukir afin de prendre en charge les familles primo-arrivantes. Nous gérons également depuis 2017 un dispositif atypique à Ivry pour le premier accueil des familles migrantes arrivant sur le territoire parisien. Ce dispositif a accueilli 5 000 personnes depuis 2017 en suivant une démarche globale : nous avons ainsi expérimenté une école intégrée pour des enfants migrants qui n'ont pas été scolarisés pendant leur parcours migratoire. Nous gérons aussi six hébergements d'urgence pour demandeurs d'asile (HUDA) qui représentent une capacité de 540 places en Île-de-France. Enfin, le 26 août 2021, en raison des événements survenus à Kaboul, nous avons ouvert un hôtel à la demande de la Délégation interministérielle à l'accueil et à l'intégration des réfugiés (DIAIR). Il accueille 127 personnes en famille, dont 55 enfants, le temps de leur réorientation, soit un mois.

Concernant les grands principes juridiques auxquels nous nous référons, le mouvement Emmaüs prône la non-opposition des précarités : toute personne a droit à un toit tant qu'elle est sur le territoire. Par conséquent, nous nous inquiétons du possible renvoi de la prise en charge de ces personnes déboutées du droit d'asile et non reconduites à la frontière du budget du ministère de l'intérieur vers le budget du ministère du logement.

Nous avons en France une difficulté avec l'organisation du premier accueil. La Bulle avait fait ses preuves et nous avions plaidé pour la mise en place de dispositifs dédiés au premier accueil sur la route migratoire interne en France. Ce choix a été écarté, mais il vaudrait la peine de l'étudier, particulièrement sous l'angle de la solidarité nationale. En Allemagne, par exemple, des quotas de prise en charge sont prévus par région.

Le sujet de la commission concerne aujourd'hui l'hébergement et le logement qui en est la phase ultime. A propos de l'exemple de l'hébergement citoyen, comme le permet la plateforme Comme à la maison (CALM) de Singa, je voudrais dire que ce dispositif mérite d'être valorisé, mais à condition qu'il y ait aussi les moyens nécessaires à un accompagnement social.

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