J'expliquerai dans un premier temps les raisons pour lesquelles un institut de recherche privé et indépendant, sans affiliation idéologique, tel que l'IFRI s'est intéressé à la question de la participation des personnes exilées. L'IFRI a été précurseur en matière d'études sur les questions d'immigration et de citoyenneté, dès le début des années 2000, dans une démarche de recherche et d'actions. Il s'agissait d'impliquer les acteurs concernés par le sujet dans la réflexion des chercheurs via des tables rondes et focus groups en considérant qu'ils disposaient d'une expertise.
Créé en 2018, l'observatoire de l'immigration et de l'asile a pour l'objectif d'offrir un espace de débat et de réflexion aux acteurs de l'asile et de l'immigration en France et en Europe. Nous nous sommes interrogés sur la manière d'impliquer ce que nous appellerons « les personnes exilées » pour intégrer les migrants et réfugiés au sens juridique. Débuter par une étude permettait d'éviter de les placer uniquement dans une position de témoin et de les considérer comme des experts et des acteurs des politiques les concernant. En effet, organiser leur participation n'est pas aisé à mettre en œuvre. Notre réflexion est toujours en cours et nous participons à des projets pour mettre en œuvre certaines de nos recommandations.
La démarche n'a pas été uniquement entreprise par altruisme ou générosité. Nous sommes convaincus que la société d'accueil a, au moins à deux égards, à tirer des bénéfices de la participation des personnes exilées. Premièrement, une participation développe le pouvoir d'agir et le sentiment de citoyenneté, facteurs d'intégration. Deuxièmement, la participation permet d'améliorer l'efficacité des programmes d'accueil et d'intégration. Demander aux personnes exilées de penser, d'évaluer et de mettre en œuvre ces programmes permet de s'assurer qu'ils répondent réellement aux besoins des adressés.