Intervention de Matthieu Tardis

Réunion du jeudi 23 septembre 2021 à 9h00
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Matthieu Tardis, chercheur au centre migrations et citoyennetés de l'IFRI :

Dans les pays anglo-saxons, la vision des communautés est différente de celle que nous avons en France. Au Royaume-Uni notamment, les associations de réfugiés sont beaucoup plus développées. Elles sont souvent partenaires des grandes organisations accompagnant les demandeurs d'asile et réfugiés pour travailler à un inbetween et fournir des clés sur le fonctionnement de la société britannique. Ce système assez institutionnalisé est relativement propre à la manière dont des sociétés anglo-saxonnes peuvent percevoir les communautés étrangères au sein de la société.

En France, certaines associations existent de longue date et sont soutenues par l'État. Il paraît donc plus efficace de s'assurer d'une plus grande diversité et d'une place pour les réfugiés ou demandeurs d'asile en leur sein en tant que salariés, directeurs et membres des conseils d'administration.

Il existe un fort secteur d'organisations de personnes issues de l'immigration travaillant davantage sur les questions de solidarité internationale. Elles sont fédérées au sein du forum des organisations de solidarité internationale issues des migrations (FORIM). Il regroupe également plusieurs centaines d'organisations « communautaires » existant depuis les années 80 et ayant joué un rôle important en France, y compris pour l'intégration des nouveaux arrivants.

Ce travail s'est perdu dans les années 1990 et 2000, notamment du fait des débats relatifs au communautarisme et de la centralisation des fonctions d'intégration au sein d'institutions publiques (haut conseil à l'intégration, office français de l'immigration et de l'intégration, etc.). Les organisations de personnes étrangères ont ainsi été mises de côté alors qu'elles jouaient un rôle important, y compris dans l'apprentissage du français. Désormais, la concentration des crédits sur l'apprentissage du français dans le contrat d'intégration républicaine fait que les initiatives précitées sont moins financées.

À l'échelle européenne, la réflexion sur la participation des exilés est de plus en plus importante, mais se concentre essentiellement autour des organisations de réfugiés, de migrants ou de personnes disposant d'une expérience de migration. Les financeurs publics (pays ou Union européenne) ou privés (fondations philanthropiques) européens s'interrogent sur l'adaptation des financements, procédures d'appels à projets ou marchés publics aux capacités administratives et connaissances des processus bureaucratiques de ces organisations. Il s'agit de faciliter leur accès aux financements et de les accompagner en termes de gestion, à l'inverse d'autres organismes disposant déjà de capacités de fundraising.

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