Intervention de David Ramos

Réunion du mercredi 16 septembre 2020 à 16h45
Commission d'enquête relative à l'état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l'ordre

David Ramos, vice-président de l'Association professionnelle nationale des militaires de la Gendarmerie du XXIe siècle « GENDXXI » :

Je réponds tout d'abord à votre question relative à la nature de la formation consacrée à l'intervention professionnelle et aux techniques de corps à corps – maîtrise sans arme ou avec arme de l'adversaire. Des moniteurs d'intervention professionnelle sont chargés d'effectuer ce type de formation. Ils sont présents en formation initiale dans les écoles de gendarmerie, mais également, pour la gendarmerie départementale, dans les pelotons de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG), ainsi que dans les escadrons. Ils sont chargés de la formation continue de l'ensemble de ces effectifs.

La formation à l'intervention professionnelle est adaptée, tant sur le fond que sur la forme. Ce qui est inadapté, c'est, encore et toujours, le temps alloué à ce type de mission. Si l'on veut vraiment que les personnels maîtrisent un geste, il faut impérativement qu'il y ait du drill. En gendarmerie mobile, comme je l'ai indiqué, les temps de formation ont tendance à se raccourcir. En gendarmerie départementale, il est extrêmement difficile de les sacraliser. Il y a là des marges de progression importantes, pour que l'on arrive à dégager des heures « gendarmes » allouées à la formation, à l'exercice et à l'entraînement.

Comment se passe le travail en commun police/gendarmerie lors des opérations de maintien de l'ordre ? Un commandement commun coordonne les opérations. Les ordres sont donnés aux différents chefs de groupe, qui organisent et adaptent les opérations en conséquence. C'est donc l'échelon supérieur qui est chargé de coordonner. Quand les effectifs ont des ordres clairs, et que les compétences de chacun sont respectées, le travail s'effectue en très bonne intelligence.

J'en viens ensuite à la formation des manifestants et à l'information relative à la légalité des manifestations. Il faut prendre en compte un élément très important sur ce point : le vecteur. Nous ne pouvons pas ignorer que les vecteurs d'information ont changé. Avant, il y avait le journal télévisé, voire, pour les générations précédentes, le journal papier. L'information passe désormais, avant tout, par les réseaux sociaux. Le schéma national comporte des dispositions intéressantes concernant l'information des manifestants, qui s'inspirent visiblement des techniques de désescalade pratiquées en Allemagne. Ces techniques impliquent des personnes clairement identifiées – porteuses d'un uniforme et balisées comme étant des sources d'information – qui peuvent s'adresser directement aux manifestants.

Il paraît également important de faire des rappels sur les réseaux sociaux, concernant à la fois la légalité et l'évolution des opérations. Le schéma national comporte donc des dispositions très modernes, qui pourront, je l'espère, proposer des choses intéressantes à l'épreuve des manifestations à venir.

Néanmoins, ce sujet a attiré notre attention. Nous revenons ici sur de vieux chevaux de bataille. Les effectifs sont déjà en tension pour avoir une emprise au sol suffisante. Or, si de nouvelles missions sont abordées et si l'on envisage notamment de déployer des personnels formés à la communication pour aller au-devant des manifestants et échanger avec eux afin de constituer un continuum d'information tout au long de la manifestation, cela signifie que ces personnels ne seront pas dans les rangs, ils ne seront pas en train de tenir le terrain. C'est pour nous un sujet de préoccupation.

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