Intervention de Marc Rollang

Réunion du mercredi 16 septembre 2020 à 16h45
Commission d'enquête relative à l'état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l'ordre

Marc Rollang, porte-parole de l'Association professionnelle nationale militaire Gendarmes et citoyens :

En gendarmerie mobile, on mesure la puissance de la formation non à l'échelle de l'individu mais à l'échelle du groupe, au minimum. C'est la puissance de l'unité déclinée en « groupe », « peloton » ou « escadron » qui sert d'unité comptable. Il ne s'agit pas d'additionner des compétences individuelles, mais de mettre en œuvre une compétence et une capacité de manœuvre collectives, une capacité d'action et de réaction afin d'appréhender la pression de l'adversaire dans les schémas les plus dégradés et d'y apporter la réponse la plus adaptée. L'échelon d'appréciation n'est donc pas l'opérateur, le gendarme, entité individuelle. On mesure la qualité de l'action au moins au niveau du peloton, idéalement au niveau de l'escadron ou de la compagnie.

J'en viens à la question de la compartimentation. Même s'il ne se présente pas de problème majeur et si la gendarmerie mobile est privilégiée en zone gendarmerie et la CRS en zone police nationale (ZPN), il ne me semble pas inopportun de vous rappeler que, sur la plaque parisienne, au moins 70 % de l'activité de maintien de l'ordre est assurée par la gendarmerie mobile – pour la garde des institutions, par exemple, comme le Sénat ou l'Assemblée nationale.

L'idée de la compartimentation consiste à identifier la force capable de manœuvrer et surtout à augmenter la lisibilité et la facilité de communication par des moyens radioélectriques. La police nationale travaille sur des fréquences à 400 mégahertz, quand la gendarmerie travaille sur des fréquences à 80 mégahertz. Pour résumer, le 400 mégahertz est un sprinter, qui va très vite sur de petites distances, quand la gendarmerie s'installe sur de longues distances et est capable, comme un marathonien, de résilience dans la durée. L'idéal est d'additionner les deux. Cependant, sur le terrain, additionner des systèmes de radio et des strates hiérarchiques différents complexifie les opérations comme la tâche du décideur. Mettre en place, sur un compartiment de terrain donné – quartier, zone, rue, place – une unité ou un profil régalien identique simplifierait à la fois l'action opérative et l'action stratégique.

Enfin, vous parliez de l'information du jeune public manifestant. Je me souviens – et je le dis avec beaucoup de malice – d'avoir vu récemment circuler des fascicules distribués à la sortie du métro décrivant la réaction que devait avoir le manifestant face aux forces de l'ordre – en cas d'arrestation, comment se passe une garde à vue, etc. Or ce document avait été co-produit et co-écrit par le Syndicat de la magistrature. C'était le guide du bon manifestant : celui qui se fait interpeller, appréhender, celui qui encourt des charges pénales, etc. Le manifestant, aussi jeune et aussi peu aguerri soit-il, est à mon sens largement au courant des sanctions pénales qu'il encourt en cas de désordre de sa part. Je ne suis pas du tout inquiet sur ce point.

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