J'ai écouté les déclarations des syndicats devant votre commission et il m'a semblé qu'ils accueillaient le nouveau SNMO de manière globalement positive. Il en a été de même lorsque le ministre de l'Intérieur le leur a présenté, le jour de l'installation de la nouvelle directrice centrale des CRS (DCCRS).
Je ne puis vous renseigner sur la façon dont les travaux ont été conduits, puisque j'ai pris mes fonctions au mois de février 2020 et que la conception a démarré en janvier 2019. Après des manifestations ayant fortement marqué les esprits, le ministre Castaner a réuni les organisations syndicales place Beauvau pour évoquer ce qui devait être corrigé et modifié. Je crois savoir que beaucoup d'observations et de remarques formulées par les syndicats ce jour-là ont été intégrées dans le SNMO.
Le dialogue social dans la police est particulièrement riche et développé. S'il a pu être considéré comme insuffisant avant la publication du SNMO, je ne doute pas que, dans les semaines et les mois qui viennent, les occasions d'échanger seront nombreuses et permettront de faire évoluer les choses.
Nous avons également entendu les préoccupations des journalistes quant à la manière dont ils pourraient être traités au cours des manifestations. Il est bien évident qu'il n'est nullement question, dans un pays comme le nôtre, de porter atteinte à la liberté d'informer, quels que soient les circonstances et les lieux, encore moins durant les manifestations. Ce sont pourtant des moments particulièrement difficiles à gérer et les responsables du maintien de l'ordre craignent toujours, lorsqu'une situation dégénère, que des journalistes soient maltraités, faute d'avoir été identifiés comme tels.
L'objectif est de développer une relation, une connaissance mutuelle, d'ouvrir davantage nos portes aux journalistes pour qu'ils découvrent et comprennent nos méthodes et nos organisations et que, de notre côté, nous puissions mieux comprendre leurs attentes. Je n'ai pas noté d'ambiguïtés dans la rédaction du SNMO, mais j'espère que celles qui auraient pu naître de sa lecture seront rapidement corrigées, notamment à l'occasion d'une participation à des entraînements des forces mobiles : ceux-ci seront ouverts à la presse, tous les journalistes y seront conviés.
Suite aux événements survenus au printemps, M. Castaner a demandé la constitution d'un groupe de travail sur les techniques de substitution à la technique de l'étranglement, qui consiste, en exerçant une pression sur la trachée, à réduire l'oxygène et la circulation sanguine. Dirigé par le directeur départemental de la sécurité publique du Val-d'Oise, un professionnel reconnu, et rassemblant les organisations syndicales, deux médecins, des sportifs de haut niveau et des formateurs, il vient de rendre ses conclusions. Je les présenterai au ministre de l'Intérieur dans les jours qui viennent avant de les livrer à la représentation nationale.
Le Président de la République entend généraliser les caméras piétons d'ici à 2021. Nous voulons disposer de matériels performants, facilement manipulables dans des moments de tension et fiables – il est important de pouvoir exploiter immédiatement les images sans en altérer le support afin que personne ne puisse ensuite contester la manière dont les images ont été recueillies. Par ailleurs, l'autonomie des caméras s'avère pour le moment très limitée, et ne couvre pas le temps d'une vacation ou d'un service d'ordre. Nous avons comparé les différents matériels et déterminé les éléments d'un marché public pour équiper très prochainement nos forces.
Si les policiers se sont d'abord méfiés des caméras piétons, considérant qu'il s'agissait d'une forme de surveillance, ils expriment aujourd'hui clairement le besoin de pouvoir justifier de leurs actions. Ils estiment aussi que la présence d'une caméra permet, lorsqu'un individu est un peu agité, de faire redescendre la tension.
Madame la rapporteure, vous m'avez peut-être mal compris. Lorsque j'ai évoqué cette partie de la population irréductiblement hostile aux forces de l'ordre, je ne parlais pas des quartiers populaires. Je ne pense pas que ce soit lié à l'origine sociale, mais plutôt à une idéologie. Une autre partie de la population fluctue et s'interroge, en fonction des circonstances, de la connaissance qu'elle a de la police et des moyens qu'elle emploie.
Je ne nie pas les problèmes, mais je pense que la police est à l'image de la société et que nous devons mieux nous faire connaître auprès de la population afin que celle-ci comprenne nos missions. Pour cela, les élus locaux sont des partenaires essentiels. Je pense aux groupes de partenariat opérationnel (GPO), qui, sur la sécurité du quotidien, associent les élus, les associations, les bailleurs sociaux… Ils identifient les problèmes, se mettent autour de la table et s'efforcent de les régler.