Nous avons des échanges avec la mairie : je tiens tous les vendredis à 14 heures 30 – sauf depuis quinze jours, car il y a moins de manifestations – une réunion avec tous les élus, dont les maires d'arrondissement, et les représentants des structures commerciales, à qui j'explique ce qui peut se passer, comment nous allons nous y prendre, quels lieux peuvent poser problème, quelles sont les mesures pratiques que nous avons adoptées. Dans la foulée, à 17 heures, j'organise un briefing avec l'ensemble des forces de police et de gendarmerie engagées dans les différentes manifestations pour leur exposer la manœuvre et répondre à leurs questions. Tout cela se fait donc en totale transparence.
Avec les élus, nous avons des discussions en permanence : très souvent, des maires d'arrondissement s'inquiètent de telle ou telle manifestation prévue dans leur arrondissement, et certains me disent parfois que cela se passe toujours chez eux ; je leur explique la réalité, c'est-à-dire que les gens déposent des déclarations pour manifester là où ils le souhaitent et que je ne peux les empêcher de choisir tel ou tel endroit. Je ne peux qu'interdire ; et, pour interdire, il me faut un motif particulier lié à une raison d'ordre public. Il n'y a pas là d'unilatéralisme ; cela aussi n'existe que dans l'esprit de personnes qui n'ont pas bien compris les choses. Dès lors que la déclaration est déposée, elle vaut, elle a un effet juridique, sauf si je l'interdis – elle est exécutoire. Mais, bien sûr, nous engageons ensuite des discussions avec les organisateurs pour leur demander, surtout en cette période d'état d'urgence sanitaire, des précisions sur les mesures qu'ils ont prises, en l'occurrence pour la distanciation, le respect de l'obligation du port du masque, ou pour les prévenir qu'à l'endroit par lequel ils ont prévu de passer se tient par exemple un marché, une course sportive, une animation quelconque, et que les choses risquent d'être compliquées. Nous leur proposons alors éventuellement de déposer une déclaration modificative ; mais seule celle-ci peut modifier leur déclaration initiale. Ce schéma laisse peu de marge de manœuvre à l'État et accorde des droits très étendus aux manifestants.