Intervention de Didier Lallement

Réunion du mercredi 30 septembre 2020 à 17h40
Commission d'enquête relative à l'état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l'ordre

Didier Lallement, préfet de police :

Oui, je pense que la procédure de déclaration doit faire l'objet d'une réflexion. Il faudrait au moins équilibrer les termes de l'échange entre la puissance publique et le déclarant car, comme le soulignait Mme Kuster, le régime actuel complique les relations avec les élus locaux. Encore une fois, les gens choisissent de manifester où ils veulent, quand ils veulent, y compris la nuit s'ils le souhaitent. Se pose également le problème de l'utilisation fréquente d'instruments de sonorisation, parfois très pénible pour les riverains. Les appareils de musique amplifiée actuels n'ont rien à voir avec les haut-parleurs des années 1960 et les porte-voix, comme en témoignent les rave parties.

Madame la rapporteure, le Conseil d'État a suspendu l'utilisation des drones dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, au motif qu'ils étaient susceptibles de permettre des reconnaissances individuelles. Le ministère de l'Intérieur consulte, je crois, le Conseil d'État sur la manière dont cet outil pourrait être utilisé. Pour ma part, j'ai décidé d'incorporer dans les drones que nous utilisons des logiciels de floutage afin que les visages ne puissent pas être identifiés lorsque le drone vole à moins de 50 mètres d'altitude. Celui-ci n'est utile, dans le cadre du maintien de l'ordre, que pour estimer la taille de la foule et la localiser exactement. En effet, les 3 500 caméras du Plan de vidéo-protection pour Paris (PVPP), qui appartiennent à l'État, ne donnent un aperçu que d'une partie de la rue ; elles ne permettent pas d'avoir une impression générale. J'ajoute qu'au printemps et en été, le feuillage des arbres masque, par exemple, une partie de la place de la République. Faire voler un drone au-dessus de cette place nous permet donc de connaître le nombre des personnes qui s'y trouvent. Le drone n'a d'intérêt pour nous que s'il est utilisé de façon macro. Lorsqu'il s'agit de donner des suites judiciaires à des destructions, par exemple, nous utilisons, lorsque c'est possible, les caméras du PVPP.

S'agissant des journalistes, le SNMO rappelle un certain nombre d'évidences. Je m'étonne qu'on s'étonne. Le code de procédure pénale ne prévoit pas, en matière d'attroupement, d'exceptions pour telle ou telle catégorie, pas même pour vous, parlementaires. La règle s'applique à tout un chacun. Devrait-elle être différente ? Je n'ai pas d'avis sur la question.

Les rapports avec les journalistes, vous le disiez vous-même, monsieur le président, sont assez complexes. De fait, un journaliste n'a pas forcément besoin d'une carte de presse. Qu'est-ce qu'un journaliste ? Qu'est-ce qu'un militant ? Nous souhaitons donc avoir des contacts avec tous ceux qui veulent faire du reportage, non pas pour les embrigader car je crois que nous n'en avons pas la moindre capacité, mais au moins pour pouvoir travailler et dialoguer avec eux. Cela me paraît absolument nécessaire. Le problème, là encore, c'est que nous n'avons pas forcément d'interlocuteurs. C'est assez facile lorsque les journalistes travaillent pour des médias qui ont pignon sur rue, ça l'est beaucoup moins lorsqu'il s'agit de journalistes dits indépendants.

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