Depuis plusieurs mois, nous sommes très engagés pour le maintien de l'ordre. La vie de l'unité en est affectée, mais aussi les familles, qui ont du mal à voir partir si fréquemment leur compagnon ou leur compagne sur des opérations de maintien de l'ordre bien plus dures qu'il y a vingt ans. En gendarmerie, nous disposons d'une force mobile spécialisée dans le maintien de l'ordre et parfaitement formée. Nous tenons à ce que les unités non spécialisées ne soient engagées qu'en cas de nécessité.
La formation est essentielle, mais nous avons des difficultés à la maintenir. Notre centre de formation national de Saint-Astier est très performant, mais nous ne parvenons pas à y envoyer régulièrement nos unités. Nous parvenions à le faire en moyenne tous les trois ans ; ce délai a augmenté, et quelques rares unités n'ont pas été recyclées depuis cinq ans. Le mouvement des Gilets jaunes a eu un impact très fort, et la covid-19 a imposé une réduction du volume des formations : le centre de Saint-Astier a réduit de six à quatre escadrons les effectifs de chaque stage.
Cette formation doit être maintenue, mais cela se fait au prix des capacités de récupération du personnel. Actuellement, l'unique marge de manœuvre pour maintenir la formation est la limitation des repos et des permissions, tant le niveau d'engagement est élevé. Nous sommes à soixante-seize unités engagées par jour, contre soixante-cinq au maximum il y a trois ou quatre ans.
La Gendarmerie n'a pas été associée à la construction du nouveau schéma national du maintien de l'ordre.
L'inspection générale de la gendarmerie fait un travail formidable, et difficile. Les gendarmes n'ont pas peur d'être contrôlés. Notre profession est très contrôlée et cela ne nous pose aucun problème. En revanche, nous voulons aussi avoir les moyens de nous défendre. Il n'y a pas de raison pour que les forces de l'ordre soient les seules à ne pas pouvoir filmer lors des manifestations. Nous aussi, nous voulons pouvoir nous défendre en filmant, nous n'avons rien à cacher.