Intervention de Laurent Diedrich

Réunion du mercredi 7 octobre 2020 à 16h30
Commission d'enquête relative à l'état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l'ordre

Laurent Diedrich, secrétaire confédéral de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) :

Je vais reprendre le propos de M. le président : notre délégation à cette audition n'est effectivement pas paritaire ; en revanche, nos services d'ordre le sont. La parité est respectée dans les services d'ordre de la confédération, et en région. En cela, nous pouvons étonner ; parfois même, nous faisons participer des personnes en situation de handicap pour aider les services d'ordre, en tenant compte, bien sûr, des risques liés aux manifestations.

Je reprends une partie du texte du nouveau schéma national de maintien de l'ordre : « L'exercice de la liberté d'expression et de communication, dont découle le droit d'expression collective des idées et des opinions, est une condition première de la démocratie et l'une des garanties du respect des autres droits et libertés. » Cet extrait nous convient parfaitement, et nous respectons totalement le décret-loi de 1935 ainsi que les évolutions qui s'en sont suivies sur les déclarations, les discussions et les négociations que nous pouvons avoir avec les différents services de police et de gendarmerie, en province comme à Paris, qu'ils soient de renseignement ou d'ordre public – en province auprès des mairies et des préfectures ; à Paris auprès des différents services spécialisés.

À la CFDT, l'objectif est exclusivement de porter notre argument politique et de mener notre manifestation pour nous faire entendre, en protégeant nos militants et le carré de tête, afin que cette manifestation, cette expression d'idées, puisse se dérouler sans incident.

En intersyndicale, les choses se déroulent tout à fait normalement dans le cadre des négociations que nous avons entre nous. Puis, avec les autorités publiques, l'objectif est toujours de pouvoir exprimer nos idées. Il est évident pour nous que l'on ne doit pas entrer dans un combat de rue systématiquement, comme cela a pu être le cas ces dernières années. Nous avons d'autres modes d'expression que la manifestation. En revanche, nous tenons particulièrement à cette dernière, lorsque la nécessité l'impose.

Nous déplorons, depuis quelques années, une modification du maintien de l'ordre, à Paris mais également dans les autres grandes villes. Nous avons le sentiment que les personnes qui ne déclarent pas les manifestations se mettent en dehors du cadre de la manifestation et, partant, ne sont pas protégées par les autorités de la République ni en capacité de s'autogérer.

C'est la raison pour laquelle nous avons notre service d'ordre. Les cinq confédérations, du moins les trois présentes, en ont chacune un, qui possède une maîtrise et une expertise dans ce domaine : les membres des services d'ordre reçoivent des formations internes – c'est du moins le cas de notre confédération – qui leur permettent de prévoir les dispositifs à mettre en place. Comme je le disais, il s'agit pour nous de protéger nos militants et d'assurer la progression des cortèges.

Nous avions demandé une réforme des interventions du maintien de l'ordre, notamment à Paris, parce que nous avons le sentiment que, pour répondre à l'urgence, les forces de police et de gendarmerie sont envoyées sur des missions qui ne sont pas forcément les leurs. Notre secrétaire général s'est exprimé à ce sujet. Les services d'ordre public à Paris sont renforcés par des compagnies républicaines de sécurité (CRS) et des compagnies de gendarmes mobiles habituées et formées à cette mission, mais nous avons pu constater la présence d'autres forces de police qui n'étaient pas préparées à cela, ce qui a pu entraîner, la fatigue aidant et les mouvements de protestation se répétant, des interactions violentes entre les manifestants non déclarés et les forces de police. Nous le déplorons parce que nous soutenons globalement les forces de l'ordre lorsqu'elles font leur métier normalement et assurent notre protection. En revanche, nous dénonçons les dysfonctionnements.

Nous sommes donc satisfaits que le schéma national du maintien de l'ordre ait pu être modifié. C'était une demande de notre secrétaire général. Nous y tenons. Par ailleurs, nous sommes opposés à l'usage des armes utilisées – non létales, certes mais qui peuvent blesser gravement, comme on a pu le voir. Nous préférons largement l'usage que l'on faisait des jets d'eau pour contrecarrer les cortèges plutôt que l'usage de grenades et je ne sais quelles armes utilisées, même si elles sont non létales.

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