Intervention de David Dugue

Réunion du mercredi 7 octobre 2020 à 16h30
Commission d'enquête relative à l'état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l'ordre

David Dugue, secrétaire confédéral de la CGT :

Si je le savais, nous aurions déposé une note pour éviter que cela ne se reproduise. C'était une manifestation du 1er mai, une manifestation qui revient chaque année et qui présente un caractère différent des autres, plus familial, au sens que l'âge des participants va de 7 à 77 ans.

Donc, en 2019, c'était extrêmement ciblé. En 2018, nous en avions fait état, il y a eu des problèmes sur le pont d'Austerlitz, avec, à notre avis – c'est un avis partagé –, un manque de réactivité, y compris dans les consignes. Des éléments perturbateurs – que ne signalaient ni leur couleur ni une étiquette –, sont intervenus en amont de la manifestation et des forces de l'ordre. Mais le carré de tête, en intersyndicale, s'est retrouvé bloqué sur le pont d'Austerlitz par l'intervention des forces de l'ordre en amont et par un rideau venu s'installer à l'arrière du pont. Une population de manifestants s'est donc retrouvée bloquée sur le pont, confrontée à une violence dont vous avez sans doute vu les images puisqu'elles ont été diffusées assez largement. Elle s'est retrouvée « nassée » ! À mon sens, ce terme illustre parfaitement des conditions qui ne sont pas supportables.

De même, en 2017, allant vers la gare de Lyon, pour une raison que nous n'avons pas identifiée – peut-être un problème de maintien de l'ordre en amont –, la manifestation a été coupée et bloquée contre un mur pendant plus de trente minutes. Cela n'aide pas aux bons rapports, surtout quand le parcours a été déposé au préalable et que nous sommes clairement identifiés puisqu'un responsable de chaque organisation est joignable et présent dans la manifestation. Il est disponible pour discuter, y compris lorsqu'il se passe quelque chose qui ne nous est pas imputable.

Tels sont les quelques éléments dont je voulais faire état.

Au-delà du schéma, comme le disaient Céline Verzeletti et Laurent Diedrich, se pose plus profondément la question de la liberté de la presse, car ce schéma donne l'impression que l'on veut écarter la presse de l'événement et laisse donc sous-entendre qu'il pourrait se passer des choses qui échapperaient à la connaissance générale, à la liberté d'informer. Cela nous pose vraiment un problème puisque, pour revenir au fond du débat, la liberté de manifester, dans le respect de la République bien évidemment, est une liberté fondamentale. Si l'on supprime ou l'on amoindrit la liberté de manifester et si, au surplus, on vient entacher la liberté d'expression, on commence à avoir une doctrine qui ressemble à autre chose qu'à une doctrine.

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