Intervention de Laurent Diedrich

Réunion du mercredi 7 octobre 2020 à 16h30
Commission d'enquête relative à l'état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l'ordre

Laurent Diedrich, secrétaire confédéral de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) :

S'agissant des blacks blocs, je parlais précédemment des séditieux. Ces personnes d'origines diverses, qui viennent parfois de toute l'Europe, louent des logements dans Paris, se changent pour s'infiltrer parmi les manifestants et, ensuite, créent des tensions avec les syndicats. Ils n'ont pas de logique politique autre que celle d'être séditieux. Cela nous pose un réel problème.

Notre service d'ordre forme ses propres équipes depuis longtemps. Il en va de même pour l'ensemble des confédérations. Ce sont à peu près toujours les mêmes personnes qui assurent le service d'ordre, à Paris comme en province. C'est une gestion humaine de l'événement, à la fois pour se protéger, mais aussi pour que nos propres militants n'aillent pas trop loin dans la démarche de manifestation et sortent du groupe, du carré de tête ou de la manifestation. Je rappelle qu'une manifestation est un cheminement durant lequel il faut que la police, la gendarmerie ou nous-mêmes bloquions les rues, tout simplement pour qu'un automobiliste ne vienne pas percuter un manifestant. Cela, c'est vraiment le jeu de la manifestation. À partir du moment où des black blocs apparaissent, cela contrarie totalement le discours, la manifestation et la marche du cortège.

Pour ce qui est de la visibilité des forces de l'ordre, nous avons observé la présence, parmi les fonctionnaires qui assurent le maintien de l'ordre, de personnes dont ce n'est pas le corps de métier. Ils arrivent habillés en civil, portant des casques de moto, avec leur arme de service, pour se mêler aux forces de maintien de l'ordre. Même s'il faut répondre rapidement à la violence dans les manifestations, cette réponse nous semble absurde dans la mesure où le maintien de l'ordre est un métier, auquel sont formés les gardes mobiles, les CRS ou les compagnies d'intervention à Paris.

À partir du moment où l'on arrive à uniformiser le maintien de l'ordre, il semble logique de penser que, si les personnes qui traversent la manifestation sont repérables, le contact avec les forces de police est plus facile, à Paris comme en province. Les services de renseignement, quelle que soit leur appellation, sont composés de personnes qui sont généralement là depuis un certain temps et qui sont identifiées par ceux qui, chez nous, mènent les manifestations et gèrent les services d'ordre parce que ces derniers sont régulièrement appelés à le faire. Quand nous nous retrouvons pour discuter des manifestations, ce sont toujours les mêmes personnes de chaque confédération, que ce soit en région ou au niveau national, qui viennent pour échanger. Nous nous identifions donc entre nous, comme nous identifions les membres des services de renseignement. Même s'ils ne portent pas un brassard « Police », nous ne sommes pas heurtés par leur présence. En revanche, pour le maintien de l'ordre, l'identification physique de la personne qui nous fait face permet de savoir pourquoi elle est là.

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