Intervention de Didier Rendu

Réunion du mercredi 28 octobre 2020 à 17h00
Commission d'enquête relative à l'état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l'ordre

Didier Rendu, secrétaire national du SCSI :

Je vous remercie de nous permettre d'entrer dans le vif du sujet – sujet délicat, mais sur lequel nous ne pouvons faire l'impasse.

Marginalement, nous ne devons pas faire l'économie du constat de certains dysfonctionnements. Pour autant, il faut prendre dans sa globalité le niveau incommensurable d'engagement des forces – notamment sur l'ensemble des épisodes des Gilets jaunes – ainsi que l'hyper-sollicitation de nos collègues.

Cela ne revient pas à dédouaner ou à excuser les quelques comportements répréhensibles que nous pourrions mettre en exergue, mais il est important de les contextualiser au regard du niveau d'engagement exceptionnel des forces.

À titre d'exemple, les engagements des forces ont parfois dépassé les quinze heures en continu sur des vacations de CRS – alors qu'en maintien de l'ordre nous sommes plutôt habitués à fonctionner par vagues, avec des pics et des creux. Les engagements ont été vraiment complètement disproportionnés. Nos effectifs spécialisés n'étaient pas mal préparés à cela, mais ils n'y étaient pas habitués.

Or il fallait pouvoir tenir, avec le même niveau d'engagement, pour protéger les personnes et les biens, notamment ceux qui étaient venus manifester pacifiquement.

Il y a effectivement tout un débat sur les différentes techniques employées à l'occasion des opérations de maintien de l'ordre, notamment l'utilisation du LBD. L'emploi de cette arme intermédiaire a fait l'objet de nombreuses critiques.

Le SNMO vient encadrer son utilisation, notamment en prévoyant un superviseur. Ce superviseur existe déjà, sous un autre nom, dans les CRS. De plus, nous constatons que la grande majorité des blessures occasionnées par l'utilisation des LBD ne peut être imputée aux CRS.

Comme vous l'avez souligné, une difficulté se présente notamment en matière de formation continue. Au regard de l'engagement spécifique de tous les services de police, il est parfois très compliqué pour un fonctionnaire d'accéder aux stages demandés.

De plus, on observe une petite carence en formation sur les renforts d'effectifs non spécialisés, qui ne sont pas du tout aguerris aux techniques de maintien de l'ordre. Il serait important de développer cette formation.

Nous regrettons d'ailleurs que la formation commune sur le maintien de l'ordre dispensée aux commissaires de police, aux officiers et aux gardiens de la paix ait été abandonnée. Ce stage commun était l'occasion de partager l'ensemble des techniques existantes. De plus, cette approche du maintien de l'ordre ne se résumait pas uniquement aux techniques employées mais pouvait aussi avoir un intérêt sur le plan déontologique.

Comme vous le savez, notre organisation syndicale milite depuis très longtemps pour la création d'une académie de police, avec la volonté de fédérer l'ensemble des corps de la police nationale autour de certains sujets. La déontologie doit faire partie des pratiques ayant vocation à être enseignées de manière globale, au-delà de l'appartenance à un corps – que l'on soit gardien de la paix, officier ou commissaire.

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