Intervention de Olivier Boisteaux

Réunion du mercredi 28 octobre 2020 à 17h00
Commission d'enquête relative à l'état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l'ordre

Olivier Boisteaux, président du Syndicat indépendant des commissaires de police (SICP) :

Madame la rapporteure, vous m'avez clairement interpellé en me reprochant d'avoir dit que je considérais qu'il n'y avait pas eu beaucoup de blessés chez les manifestants. Je réitère ce que j'ai dit, et l'assume pleinement.

Compte tenu du surengagement des forces de sécurité intérieure en maintien de l'ordre ces deux dernières années, nous avons à être extrêmement fiers de la façon dont les manifestations ont été gérées.

On nous dit que des gens ont été éborgnés. Je n'ai pas le chiffre exact en tête, mais cela reste quand même très marginal.

Nous parlons ici des manifestants qui ont été touchés dans leur chair. Ce qui m'intéresse plus, ce sont les policiers qui sont touchés dans leur chair.

Je vous rappelle, car on l'a peut-être un peu oublié, qu'à l'occasion de différentes manifestations des manifestants sont venus munis de boules de pétanque, d'acide, de frondes, de machettes, ou de marteaux. Il suffisait de voir ce qui était saisi à l'entrée de Paris à l'occasion des dernières manifestations – un arrêté ayant permis de fouiller les sacs – pour s'en rendre compte.

C'est une minorité, évidemment. Je ne dis pas que les manifestants sont tous comme cela. Cependant, il existe un noyau dur de gens d'une extrême violence – que nous n'avions jamais connue auparavant.

Pour autant, alors que les effectifs étaient épuisés physiquement et moralement – les forces étaient engagées tous les week-ends, pendant douze à quinze heures, il suffisait de regarder les informations pour le constater –, je trouve quand même que, dans l'ensemble et même si elle a été peut-être améliorée par le SNMO, la doctrine du maintien de l'ordre qui a été appliquée a porté ses fruits.

Vous citiez M. Alain Bauer, qui considérait que le LBD avait causé beaucoup de dégâts. Cependant, lorsque l'on se trouve face à des gens hyper violents, si on ne dispose pas d'une arme intermédiaire, que fait-on ? Il arrive un moment où, pour protéger la sécurité de nos troupes, on risque d'en arriver à utiliser une arme létale.

Même si un superviseur est désormais prévu – et existait déjà plus ou moins dans les faits, notamment chez les CRS et chez les gendarmes –, il n'est pas question d'envisager la disparition de cette arme.

Cette question ne se pose pas, car nous continuons à en être dotés. Cependant, il est toujours facile de l'extérieur d'expliquer qu'une ou deux personnes ont été blessées gravement. Je rappelle d'ailleurs que, généralement, les personnes blessées étaient restées sur les lieux d'un attroupement alors qu'il ne s'agissait plus d'une manifestation et que des sommations avaient été effectuées. Si elles avaient quitté les lieux, elles n'auraient pas eu de problème.

On nous dit aussi que certains manifestants connaissaient mal les règles. Je veux bien l'entendre. Le SNMO a d'ailleurs amélioré les sommations. Pour autant, je rappelle que nous retrouvions toujours un peu les mêmes, y compris sur les plateaux, et qu'ils étaient là tous les week-ends notamment dans le cadre des manifestations des Gilets jaunes. Je serais pour le moins surpris que ces gens-là ne connaissent pas les règles !

Préoccupons-nous avant tout de la manière dont nous pouvons juguler cette extrême violence et dont ses auteurs peuvent être sanctionnés. Généralement, lorsque les fonctionnaires de police ou de gendarmerie sont touchés dans leur chair, les sanctions prononcées sont quasi symboliques. Je pèse mes mots ! Même lorsqu'une peine de prison ferme est prononcée, la loi pénitentiaire prévoit que, pour une peine inférieure à deux ans, l'incarcération ne soit jamais la règle.

Il est rare que des gens soient incarcérés pour avoir violenté des policiers, ce que je trouve profondément scandaleux.

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