Intervention de Christian Sonrier

Réunion du jeudi 12 novembre 2020 à 10h00
Commission d'enquête relative à l'état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l'ordre

Christian Sonrier, président de l'Association des hauts fonctionnaires de la police nationale (AHFPN) :

En préambule, je vais vous parler de cette association qui s'appelle pompeusement « Association des hauts fonctionnaires de la police nationale ». Nous sommes en réalité hauts fonctionnaires dès que nous entrons à l'école des commissaires de police. L'association a plusieurs décennies d'existence et n'était auparavant qu'une amicale, puisque les contrôleurs généraux ou les inspecteurs généraux qu'elle est censée réunir ne représentaient que quelques dizaines de fonctionnaires. Aujourd'hui, grâce à une série de réformes successives, nous avons un potentiel de 500 hauts fonctionnaires, à partir de commissaire général. Notre association compte un tiers de fidèles adhérents parmi ce vivier de 500 personnes. Il s'agit toujours de personnes qui ont au moins été commissaires généraux, qui ont eu des emplois de contrôleurs généraux, d'inspecteurs généraux ou de directeurs des services actifs.

L'association créait beaucoup de lien social et cela continue à être un de nos objectifs prioritaires. Elle crée un lien entre les retraités et les actifs, ce qui est très important, d'autant qu'ils viennent souvent d'univers très différents, de spécialités très diverses. La composition des membres de cette association, et surtout du ratio retraités/actifs, a changé. Ce ratio était d'un tiers d'actifs pour deux tiers de retraités, et il s'est aujourd'hui inversé : nous avons deux tiers d'actifs pour un tiers de retraités. Cela nous a conduits à être un « cercle de réflexion », une sorte de think tank, qui organise tous les ans des Rencontres – c'est ainsi que nous les appelons, que le ministre de l'Intérieur nous fait l'honneur de clore. Le thème abordé il y a deux ans était « Quelle police pour demain ? ». Cette année, c'était « Les policiers au cœur des violences », un sujet également très vaste. Nous n'avions pas trop voulu interférer dans le domaine de l'ordre public puisque nous savions qu'un groupe de travail était en place, dont Hubert Weigel faisait partie.

Nous avons été consultés pour le Livre blanc de la sécurité. Une mission d'information de l'Assemblée sur les contrats locaux de sécurité nous a également entendus. C'est très gratifiant pour nous d'être reçus aujourd'hui par des représentants de la nation dans le cadre de cette commission. Hubert Weigel est un homme de l'art, il ne manquera donc pas de répondre à vos éventuelles questions sur les aspects techniques. Pour ma part, je vous ferai plutôt part des questionnements que nous avons souvent au sein de notre association, sur des sujets peut-être « parisiens », comme le couple préfet-chef du dispositif de l'ordre public ; des sujets relatifs à la responsabilisation des chefs de secteur sur le terrain : ne dirige-t-on pas trop de façon verticale à partir d'une salle de commandement, avec de nombreux procédés techniques – caméras, radios plus performantes… – et donc la tentation de gérer tout du haut, et de ne pas assez responsabiliser les collègues de terrain ? ; une autre question que nous nous posons est celle de l'opportunité de la dichotomie de l'organisation parisienne entre la direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) – qui gère l'ordre public et qui est quasiment un État dans l'État – et la direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP), que j'ai d'ailleurs dirigée. Nous nous demandons s'il est souhaitable que ces deux entités coexistent alors que, par le passé – il y a plus de vingt ans –, un seul directeur de la sécurité publique avait un cerveau avec les deux lobes pour trouver cet équilibre ente la police d'État et la police nationale de la population. Nos collègues de province continuent à le faire, et il devait trouver cet équilibre qui fait que sur le terrain on est davantage dans la proximité, et peut-être plus efficaces.

Nous nous interrogeons sur ces questions structurelles, mais qui ne sont parfois pas sans incidence sur la réalité du terrain.

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