Intervention de Jérôme Karsenti

Réunion du mercredi 18 novembre 2020 à 16h00
Commission d'enquête relative à l'état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l'ordre

Jérôme Karsenti, membre de la commission Liberté et droit de l'Homme du Conseil national des barreaux :

. Mais les politiques de maintien de l'ordre en Allemagne, en Grande-Bretagne ou en Belgique n'utilisent pas ces armes de guerre. La France est stigmatisée par des organisations internationales de protection des droits de l'Homme pour leur usage et pour leur existence même. Sans être un spécialiste des armes, je sais qu'il existe pour contenir les débordements des solutions qui ne sont pas utilisées en France.

Ces armes de guerre ont des effets dévastateurs. Je pourrais faire la liste des personnes qui, depuis deux ans, ont été gravement blessées par un tir de LBD – perte d'un œil, blessure définitive, invalidité permanente. On ne peut pas continuer comme ça ! Même en cas de débordement, l'utilisation d'armes n'est pas conforme au principe de légitime défense puisque ce n'est pas au recours à des armes qu'elle répond. Une police censée être exemplaire ne peut se comporter à la manière d'une formation militaire dans une guerre. C'est cette philosophie qu'il faut changer.

Les GM2L, par lesquelles le schéma national du maintien de l'ordre préconise de remplacer les grenades GLI-F4, ne contiennent certes pas de TNT, mais des éléments pyrotechniques et exercent un double effet lacrymogène et assourdissant – supérieur à 165 décibels. Or un niveau supérieur à 120 décibels peut provoquer des dommages irréversibles : la logique suivie n'est donc pas celle d'une transformation des pratiques de maintien de l'ordre.

Malgré les déclarations d'intention, l'usage d'armes de ce type reste une réalité. À notre sens, la seule solution est la transformation radicale des politiques de maintien de l'ordre après une réflexion sur la nature des manifestations et les moyens de les encadrer. J'ajoute que si l'on n'avait pas réduit les effectifs il y a quelques années, les policiers seraient suffisamment nombreux pour contrôler une manifestation sans user d'armes humainement dévastatrices.

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