Intervention de Aurélie Laroussie

Réunion du jeudi 26 novembre 2020 à 11h30
Commission d'enquête relative à l'état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l'ordre

Aurélie Laroussie, présidente de l'Association femmes des forces de l'ordre en colère :

Lorsque vous avez vécu le suicide de quelqu'un de proche et que vous entendez ce slogan abject, « Suicidez-vous ! », c'est très dur à supporter. Je ne comprends pas comment il est possible de demander à des hommes et des femmes – quel que soit leur uniforme – de se suicider. Les gens en oublient complètement le fait que, lorsqu'un fonctionnaire de police ou un militaire met fin à ses jours, il laisse un mari ou une femme, des enfants, des parents et des amis. Ces policiers et ces gendarmes ont une famille derrière eux. Or, j'ai malheureusement l'impression qu'aujourd'hui les gens ne voient plus qu'un uniforme et qu'ils ne se rendent pas compte qu'un policier peut être papa et mari, et qu'il peut être amené à conduire ses enfants à l'école le matin ou à leur faire faire leurs devoirs. On a complètement déshumanisé les forces de l'ordre. Est-ce que c'est une volonté politique ou médiatique ? J'aurais tendance à dire – même si le mot est peut-être mal choisi – qu'il s'agit d'une « mode » : c'est une mode de critiquer la police, aujourd'hui, et l'on ne peut plus la défendre sans être insulté ou menacé, comme je le suis tous les jours.

Concernant les conditions d'exercice des forces de l'ordre, je pense que, depuis deux ans – soit depuis le mouvement des Gilets jaunes – elles se sont particulièrement détériorées. En face des forces de l'ordre, certains manifestants sont de plus en plus violents. Tout mouvement, qu'il soit social ou syndical, et quel que soit son sujet, est l'occasion de caillasser, d'insulter voire – pour parler « cash » – de « crever du flic ». Lorsque vous regardez les vidéos de manifestations, vous pouvez entendre des slogans tels que « Tout le monde déteste la police » ou « Suicidez-vous ! ». Où sont les revendications dans ces mouvements-là ? Il n'y en a plus aucune. C'est juste le plaisir d'aller dans la rue et de caillasser et insulter des flics. Je respecte évidemment le droit de manifester en France et j'ai été la première à aller dans la rue, mais j'estime que, dès lors qu'on s'y rend, il faut avoir des revendications claires. Aujourd'hui, il n'y a plus aucun meneur dans ces manifestations. Je me mets à la place d'un policier sur une opération de maintien de l'ordre qui voudrait parler à l'organisateur d'une manifestation et j'ai l'impression que, bien souvent, il n'y en a plus. Dès lors, les manifestations peuvent partir dans tous les sens et elles sont infiltrées par plusieurs groupuscules qui viennent juste pour en découdre, et pas pour faire avancer des revendications.

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