Il faut savoir d'où est parti ce mouvement. Pour être honnête, je l'ai lancé il y a trois ans à la suite de l'affaire Théo et de toutes les violences – des émeutes, des violences urbaines – qu'elle a entraînées. Dans les discours de cette période, tous les policiers étaient racistes et violents. À titre personnel, j'étais en colère contre cet amalgame qui visait l'ensemble de l'institution de la police et de la gendarmerie. J'étais loin d'imaginer alors que je serais, trois ans plus tard, devant vous aujourd'hui. Si je l'avais su, je n'aurais peut-être pas utilisé le terme « en colère », mais il est vrai que je l'étais alors, à force d'entendre ce que j'entendais dans les médias et dans la rue envers notre police.
J'étais en colère, à ce moment-là, contre les jeunes délinquants auxquels les forces de police et de gendarmerie étaient confrontées. Au bout de quelques mois et – maintenant – de quelques années, la colère s'est un peu orientée vers le Gouvernement, vers certaines hiérarchies – pas toutes car il y a encore de bons patrons, heureusement. J'étais aussi en colère contre cette politique du chiffre, contre le laxisme de la justice, et contre tout ce qui fait que l'on se retrouve aujourd'hui à avoir une police malade, marquée par de nombreux suicides. Malheureusement, je déplore aussi l'état dans lequel notre pays est en train de sombrer. Pour moi, la sécurité est un enjeu majeur et lorsqu'on voit tout ce qu'il se passe tous les jours dans ce pays, je me dis qu'il y a de quoi être en colère.