Je vous répondrai avec beaucoup de liberté : quand les membres d'Amnesty International ou de la Ligue des droits de l'homme manifestent, ce qui est leur droit le plus absolu, ils ne le font pas avec des poings américains, des marteaux, des barres de fer, des masques, des lunettes de piscine, tout matériel qui ne me semble pas indispensable place de la République.
On a aujourd'hui une conception de la liberté assez singulière. Comme citoyen, j'observe les manifestations ; parfois, on qualifie de fascisme le fait de demander à nos concitoyens de porter le masque. Des mots ont été dévoyés, dont celui de « liberté ». Les forces de l'ordre n'entravent jamais les manifestations. Elles visent à permettre que ces dernières se déroulent sans les violences que nous déplorons.
Je le redis avec une forme de nostalgie : j'ai le souvenir de manifestations du 1er mai, par exemple, où l'on pouvait tranquillement se promener avec sa famille. Si le droit de manifester est une liberté absolue, c'était aussi celle des commerçants d'ouvrir leur commerce le week-end dernier. La liberté, ce n'est pas le droit d'entraîner les autres à des exactions, ce n'est pas le droit d'exercer des violences, ce n'est pas le droit de jeter des pavés sur les policiers, ce n'est pas le droit de dégrader des vitrines ou des abribus. Quand certains arrivent dans une manifestation avec des marteaux, je me félicite que la judiciarisation préventive permette de les interpeller. S'ils ne l'avaient pas été, qu'auraient-ils fait de leurs marteaux ?