Comme vous, monsieur le Premier ministre, je trouve que l'expression « violences policières » est maladroite. Dans un État de droit, la police a le monopole de la force légitime.
En mars 2016, quelques mois après les terribles attentats contre Charlie Hebdo, l'Hypercacher et le Bataclan, vous avez été auditionné par la commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015. Alors que nous avions pris conscience de l'importance du facteur temps – au Bataclan, les forces de sécurité avaient mis beaucoup de temps à intervenir, comme pourrait nous le confirmer Jean-Michel Fauvergue, alors patron du RAID –, je vous ai demandé de revoir la doctrine d'intervention de nos forces de l'ordre pour leur permettre d'aller plus rapidement au contact des terroristes, comme cela se passe d'ailleurs en Israël. Vous m'avez répondu que ce n'était peut-être pas une mauvaise idée et que vous y réfléchissiez. En effet, vous avez pris vos responsabilités et mis au point un schéma national d'intervention, présenté en avril 2016.
Permettez-moi de faire un parallèle avec la question du maintien de l'ordre. Les récents événements à Paris sont invraisemblables et choquent tous les Français : alors que des vitrines étaient cassées, les forces de l'ordre sont parfois restées immobiles. Ne pensez-vous pas qu'il faudrait revoir leur doctrine d'intervention, en particulier face aux black blocs ? Dès le premier jet de pierres, les forces de l'ordre devraient aller au contact des individus violents ; il faudrait aussi mobiliser plus d'agents en civil, et peut-être prévoir une procédure de détention administrative. En la matière, le doute doit profiter aux Français : si certaines personnes repérées par les services de renseignement sont susceptibles de prendre part à des violences dans le cadre d'une manifestation, il faut les arrêter, car la présomption de risque de troubles à l'ordre public doit primer sur le droit de manifester. Je vous appelle encore une fois à vous inspirer des méthodes israéliennes, non parce qu'elles sont meilleures mais parce que les forces de l'ordre en Israël ont souvent plus d'expérience.