Concernant la formation, je ne prétends pas que les gendarmes mobiles qui arrivent de Métropole, les gendarmes stationnés en Guyane ou les gendarmes guyanais sont aussi aguerris que le garimpeiros brésilien qui vit au cœur de la forêt. Un garimpeiro qui se rend dans la forêt pour chercher de l'or afin de nourrir sa famille et de survivre dans un environnement extrêmement dégradé au Brésil affiche une détermination et une résilience extrêmes. Nos gendarmes ne présentent, de toute évidence, pas une rusticité comparable. Nous compensons cet écart par des moyens techniques, une formation militaire et une capacité à conduire des opérations en environnement hostile.
Nous sommes conscients qu'un gendarme mobile intervenant sur les manifestations des Gilets jaunes en juillet, puis dans la forêt guyanaise en août n'aura pas le même niveau de performance dans ces deux environnements. Pour cette raison, les gendarmes mobiles qui seront stationnés en forêt, à Saint-Laurent du Maroni, Camopi ou ailleurs, suivent un stage spécifique à leur arrivée de la métropole. Les cadres de la gendarmerie mobile viennent régulièrement en Guyane, puisque 24 de nos 109 escadrons s'y succèdent chaque année. Nos unités de gendarmerie mobile reviennent régulièrement en Guyane, tous les 3 à 4 ans, ce qui implique une connaissance de l'environnement et une capacité d'adaptation de notre dispositif pour gagner en efficacité.
S'agissant de l'équipement, les équipes qui interviennent au cœur de la forêt sont munies d'un lot spécifique pour leur permettre de vivre et de travailler dans cet environnement très singulier. Nous travaillons à l'amélioration constante de cet équipement avec les services logistiques de la gendarmerie, du ministère de l'Intérieur et du ministère de la Défense.
La coopération transfrontalière avec le Suriname a effectivement connu des améliorations notables. Nous partons de loin en la matière, mais sentons la volonté de nos partenaires surinamiens de déployer une politique de lutte plus offensive contre l'orpaillage illégal. Si j'évoque une marge de progression conséquente en matière de coopération, c'est parce qu'à la frontière du Maroni, des commerces tenus notamment par des communautés asiatiques vendent tout le matériel nécessaire à l'activité d'orpaillage illégal. Ce matériel arrive du Sud-Est asiatique ou de la Chine à jet continu, c'est-à-dire que l'on ne peut ignorer que l'activité d'orpaillage illégal alimente une partie de l'économie du Suriname. Nous sommes quelque peu démunis face à cette problématique, puisque je ne suis pas en droit d'envoyer nos forces de gendarmerie mobile intervenir dans ces commerces de l'autre côté du Maroni. Toutefois, nous mettons actuellement en œuvre des patrouilles communes sur le Maroni avec nos partenaires des forces de sécurité intérieure du Suriname. Cette coopération nous permet d'améliorer le partage de l'information concernant les activités criminelles et de contrôler plus efficacement cette frontière naturelle.
Quelles seraient les perspectives d'amélioration de ce partenariat ? En concertation avec la police aux frontières et le ministère des Affaires étrangères, nous travaillons à la mise en place d'un poste de coopération policière et potentiellement douanière à la frontière du Suriname sur le modèle existant à Saint-Georges de l'Oyapock avec la police brésilienne. Par ailleurs, nous envisageons de nommer un cadre supérieur de la police ou de la gendarmerie en tant qu'attaché de sécurité intérieure, comme à Brasilia, à l'ambassade de France à Paramaribo. L'objectif de ce représentant serait de porter auprès des hautes autorités policières du Suriname les préoccupations françaises. Nous travaillons sur ces sujets, mais vous comprendrez que la gendarmerie n'est qu'un élément de cette réflexion.