Intervention de Général Jean-Marc Descoux

Réunion du mercredi 10 mars 2021 à 15h00
Commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en guyane

Général Jean-Marc Descoux :

Tout d'abord, l'aspect diplomatique n'est pas de mon ressort, mais de celui du ministère des Affaires étrangères par le biais de l'ambassadeur de France à Brasilia. En revanche, nous avons un attaché de sécurité intérieure à Brasilia qui relaie auprès des autorités brésiliennes et des états limitrophes de l'Oyapock nos préoccupations. Localement, nous disposons d'un centre de coopération policière au sein duquel nous menons des opérations tactiques conjointes avec nos partenaires brésiliens. Ce dispositif de coopération produit de bons résultats.

Par ailleurs, le patron de la gendarmerie de Guyane établit des liens avec ses homologues des forces des frontières des états limitrophes. Cette coopération fonctionne et permet d'échanger des informations tactiques. Pour reprendre l'exemple de l'affaire de Dorlin, les forces spéciales avaient pourchassé Manoelzihno dans la forêt guyanaise, mais l'arrestation a été réalisée de l'autre côté de la frontière brésilienne.

Il est indiscutablement difficile pour nos gendarmes de vivre dans la forêt amazonienne. Cependant, notre principe d'affectation se fonde sur des durées courtes, de trois mois, qui permettent à nos forces de gendarmerie mobile, qui se caractérisent par leur jeunesse, d'éviter de s'épuiser et de rester motivées. Nos gendarmes éprouvent dans ce contexte particulier leur formation militaire face à un adversaire qui ne s'apparente pas au délinquant ordinaire. Nous n'avons pas de difficulté pour trouver des gendarmes volontaires pour effectuer des missions en Guyane car ces dernières sont vécues comme intéressantes et forgent la cohésion.

En outre, nous nous appuyons sur des gendarmes territoriaux volontaires. Une partie de notre effectif de gendarmerie est guyanais. Nous disposons d'une réserve opérationnelle et développons une forme de réserve particulière dans la forêt guyanaise avec la population amérindienne, notamment afin de bénéficier de leur savoir-faire en matière de pilotage de pirogue et de connaissance de l'environnement. Un gendarme affecté en Guyane peut y rester entre 3 et 6 ans. Il a ensuite la possibilité de rester jusqu'à 11 ans ou d'être mobilisé ailleurs sur le territoire national et de céder la place à un autre volontaire. À titre d'exemple, l'actuel major commandant de la brigade de Hope Estate à Saint-Martin s'est porté volontaire pour un poste de commandant de brigade qui s'ouvrira prochainement à Maripasoula.

Enfin, le négoce de l'or illégal s'effectue d'abord par le troc sur les sites d'orpaillage illégal en échange de services. Sur le territoire français, la circulation de l'or dans les comptoirs fait l'objet d'un traçage. Cependant, si l'or illégal est amené au Suriname ou au Brésil, nous n'avons pas les moyens de le tracer. Une coopération avec les autorités des états voisins s'avère nécessaire pour contrôler les commerces situés le long du fleuve dont une partie du chiffre d'affaires doit être réalisée en or illégal et freiner ces activités.

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