Monsieur le député, merci pour votre intervention. Lorsque j'évoque notre capacité à apporter une réponse du haut du spectre, mon propos est de faire référence aux différents niveaux d'intervention de la gendarmerie.
La vocation première de la gendarmerie est d'assurer un service public de sécurité, au contact de la population. La forêt n'abrite pas seulement des garimpeiros, mais aussi et surtout une population guyanaise qui attend de la gendarmerie qu'elle joue son rôle d'accompagnement et de stabilisation, en toute bienveillance. Nous devons également être capables, face à des individus tels que Manoelzihno, de déployer rapidement un dispositif afin d'entraver et de neutraliser ce niveau de délinquance. Ainsi, nous ne sommes pas dans une logique d'angélisme et répondons à la délinquance de très haut niveau lorsque nous y sommes confrontés.
S'agissant des considérations environnementales dont vous avez fait état, nous venons de créer en Guyane une antenne de l'office de lutte contre les atteintes à la santé publique. C'est-à-dire que nous avons déployé des personnels plus spécifiquement formés aux atteintes à l'environnement et à la santé publique qui seront capables de conduire sous l'autorité du procureur de la République des enquêtes très techniques. Nous sommes en ordre de bataille pour faire face à ce phénomène.
Nous enverrons des missions de l'office central de lutte contre le travail illégal et la délinquance itinérante. Cette action vise à identifier et à démanteler les têtes de réseau, comme vous le soulignez, afin d'infliger des peines suffisamment dissuasives au bon niveau. Dans le courant du mois, deux missions partiront en Guyane afin de travailler à l'adaptation au contexte local des modes d'action éprouvés par la gendarmerie dans la lutte contre les mafias d'Europe centrale en métropole.
Nous avons parfaitement conscience de l'environnement dans lequel nous évoluons. Cependant, nous ne sommes pas en guerre, car sinon il reviendrait à la légion étrangère et aux forces spéciales d'intervenir. La Guyane est un département français où nous sommes confrontés à des formes de délinquance extrêmement préoccupantes pour la population et ses représentants. En sa qualité de force de sécurité intérieure, la gendarmerie se doit d'adapter son dispositif pour obtenir des résultats tangibles.
Par ailleurs, je me suis probablement mal fait comprendre en ce qui concerne notre stratégie, dont la partie aérienne constitue seulement un élément. J'ai en effet cité le dispositif Harpie à titre d'exemple, mais ce dernier s'inscrit dans une approche globale.
Notre tactique repose premièrement sur le contrôle de zone qui consiste à assurer des surveillances sur les axes, les frontières et le fleuve. Deuxièmement, les postes de contrôle fluviaux visent à entraver les voies traditionnelles d'acheminement du matériel. Troisièmement, nous disposons de moyens de renseignement nous permettant de détecter des mouvements dans la forêt guyanaise sans forcément mobiliser de personnel.
Nous ne menons pas uniquement des opérations aéroportées, mais également à partir des fleuves et par infiltration à pied. Afin d'appréhender des individus extrêmement dangereux, nous déployons des personnels dans la forêt afin de détecter et d'intervenir. En outre, nous judiciarisons nos actions avec l'appui d'une section de recherche et d'officiers de police judiciaire venant de métropole pour renforcer nos unités d'intervention lors des opérations en forêt.
Si le dispositif Harpie et les opérations Anaconda ont été déployés en Guyane, c'est pour apporter la réponse adaptée à une problématique sans pareille sur le territoire national. Nous communiquons sur la présence et sur les opérations menées par la gendarmerie en Guyane. Nous ne sommes peut-être pas encore au niveau attendu, mais nous travaillons à faire valoir nos modes d'action et à dissuader notre adversaire. Notre objectif est d'empêcher l'orpailleur brésilien de venir chercher de l'or en Guyane et de lui compliquer beaucoup plus la tâche qu'au Brésil.