Le système culturel et social des garimpeiros est apparu dans le Brésil colonial, quand la couronne portugaise s'est arrogé le monopole de l'exploitation des ressources minières, dont se chargeaient déjà de petits exploitants qui se sont dès lors évertués à résister aux pressions de l'appareil d'État.
Les orpailleurs forment-ils une communauté ou plusieurs ? Une, selon moi, même si elle n'est pas centralisée et ne peut être assimilée à une mafia. Dans la mesure où elle repose sur l'adhésion, je serais tenté d'établir un parallèle avec certaines minorités ethniques comme les Roms, à la différence que l'identité d'un garimpeiro, transitoire, ne s'hérite pas. Une relative uniformité s'observe du Tapajós à la Guyane, où l'on parle la même langue et où l'on recourt aux mêmes produits et techniques.
La connaissance du réseau des voies de communication s'acquiert individuellement, au fur et à mesure que chacun glane des informations sur les chemins et fleuves qu'il sillonne. On n'observe aucune centralisation des renseignements. Chaque orpailleur dispose de sa propre cartographie de la Guyane. L'intérieur du département, occupé par une forêt dense d'apparence impénétrable, est en réalité traversé de centaines de milliers de chemins.
Un récent Atlas critique de la Guyane fournit de plus amples précisions à ce sujet.
Les orpailleurs, qui communiquaient jadis à l'aide de radios à bande latérale unique (BLU), utilisent désormais Internet ou WhatsApp. La moindre action de répression des autorités fait vibrer un fil de la toile d'araignée tissée par les garimpeiros, où l'information se propage à la vitesse de l'éclair. Il n'est pas exclu que certains utilisent les autorités pour éliminer la concurrence. Toutefois, la solidarité domine, par souci de préserver les moyens de production, dans l'idée de s'assurer, au besoin, un renvoi d'ascenseur ultérieur.