Mes premiers contacts avec les FAG ont eu lieu par l'intermédiaire du chef de mine du site de Saint-Elie. Il les recevait régulièrement afin d'établir avec ces forces de bonnes relations et de montrer qu'en tant qu'acteurs miniers, nous étions réceptifs à leur présence, bénéfique pour nous, puisque leurs visites régulières de nos installations nous permettaient de montrer aux observateurs illégaux que nous n'étions pas seuls dans la forêt et que notre service de sécurité n'était donc pas le seul à nous protéger.
En échange, nous avons beaucoup aidé les FAG en les dépannant à l'occasion ou en leur transmettant des informations. Notre mission première ne consistait pas, bien sûr, en l'observation systématique de l'orpaillage illégal. Toutefois, nous avons pu renseigner les FAG sur la fréquence des passages constatés des clandestins ou des découvertes inopinées de dépôts de carburant en forêt.
Au fil de ces échanges, à mesure que je gagnais en expérience, j'ai personnellement transmis à des officiers de gendarmerie des cartes détaillées, indiquant des pistes pour engin lourd ou quad, afin de les aider à se repérer sur le terrain, tâche d'autant plus ardue qu'une végétation exubérante cache les moindres points de repère dans la forêt amazonienne. Les forces de l'ordre ne disposaient que de documents cartographiques inappropriés, à l'échelle inadéquate, comme si elles se repéraient sur une carte de la France entière pour visiter Paris. Il me paraît impératif de s'appuyer sur un document à l'échelle du millième ou du cinq-centième en Amazonie, or les FAG ne possédaient que des cartes à l'échelle du vingt-millième ou du dix-millième, sur lesquelles leurs objectifs se réduisaient à des pattes de mouche.