Je n'ai travaillé à Saint-Elie que de septembre 2015 à décembre 2017, soit un peu plus de deux ans, selon des rotations d'environ dix semaines sur place, suivies de trois semaines de repos en métropole. La durée de mon séjour en Guyane m'a amplement permis d'apprécier la situation. J'ai de fait passé plus de temps à Saint-Elie que les équipes de gendarmes, dont les rotations sur ce site s'enchaînaient toutes les deux à trois semaines.
J'ai transmis mes premières cartes en 2016, avant d'y renoncer sur les conseils de ma direction. Celle-ci craignait que le bruit de ma collaboration avec les FAG, au cas où il serait parvenu aux clandestins, ne mette ma sécurité en péril. De fait, un clandestin m'a un jour adressé des menaces claires, au cas où je « parlerais ». Je reconnais ne pas m'être montré très prudent. N'étant pas un professionnel du renseignement, je n'ai pas tout de suite mesuré la gravité de la situation. Il a fallu que ma direction m'alerte sur les dangers qu'encourait mon intégrité physique pour que je renonce à m'impliquer. Ma rémunération tenant à mon efficacité sur le terrain et, donc, à ma liberté de mouvement, j'ai résolu de mettre un terme à ma collaboration avec les forces de l'ordre, à mon grand regret. Après tout, je n'étais venu en Guyane que pour gagner ma vie et bien faire mon travail.
Les gendarmes en poste à Saint-Elie, pas toujours présents sur place du fait de la brève durée de leurs rotations, n'avaient pas pour mission particulière de protéger les personnels de la mine. Or je ne bénéficiais d'aucune protection spéciale lors de mes déplacements en forêt, à quelques dizaines de kilomètres de la mine, puisque son personnel de sécurité veillait avant tout sur la production aurifère, à savoir la fonte des lingots et leur expédition.
Je n'ai fourni en tout que cinq cartes aux FAG en 2016. En 2017, je me suis mis en retrait, laissant l'initiative à mon chef de mine, qui collaborait activement avec les FAG. Il leur assurait un appui logistique en leur prêtant la barge de la société des mines de Saint-Elie, au barrage du Petit Saut, et les dépannait au besoin sur la concession.
Dans le cadre du PER Pedral, titre minier pour l'exploration de l'or, j'ai mené, en 2017, une campagne d'exploration minière par tranchées. D'une profondeur de 3 à 4 mètres, celles-ci comportaient un palier de sécurité à moins d'un mètre à un mètre et demi du sol.