Les explications de M. Blanchard confortent mes doutes et mes craintes quant à l'absence d'une réelle volonté politique de consacrer les moyens nécessaires à l'éradication de l'orpaillage illégal. Les pistes évoquées par M. Blanchard, simples et relevant du pur bon sens, n'impliquent pas de dépenser des millions.
De toute évidence, avant de se lancer à la chasse aux garimpeiros, il faut connaître le terrain, disposer de cartes valables et d'hommes formés à la vie en forêt. L'acclimatation à cet espace hostile n'est manifestement pas possible en deux ou trois semaines à peine. Nous l'avions d'ailleurs signalé à la ministre des armées Florence Parly lors de sa venue en Guyane. Les FAG lui ont à cette occasion expliqué qu'ils passaient un tiers de leur séjour en Guyane, de trois mois seulement parfois, à s'adapter au terrain.
Nous avons soulevé la possibilité que des militaires restent plus longtemps en poste dans le département, voire que certains constituent un corps spécialement dédié à la lutte contre les garimpeiros dans la forêt, où ils stationneraient plus longuement. Sans doute faudrait-il aussi déployer plus d'hommes sur les 80 000 kilomètres carrés du territoire guyanais, où se disséminent 10 000 à 12 000 chercheurs d'or. Au nombre de 300 à peine au quotidien, les militaires des FAG ne peuvent mener qu'un combat inégal contre les orpailleurs clandestins, sans grandes chances de parvenir à leur éradication.
Je remercie M. Blanchard pour sa franchise. Nous avons bien senti combien le constat que l'État ne consacre pas les moyens nécessaires à la lutte contre l'orpaillage illégal lui serre le cœur. Notre commission s'est donné pour objectif de faire admettre au gouvernement la nécessité d'un changement de paradigme pour que celui-ci adopte des solutions valables sur le terrain.